Journée internationale des femmes : Reporters sans frontières s'inquiète d'une augmentation des violences commises envers les femmes journalistes

La Journée internationale des femmes fête ses 30 ans, le 8 mars. A cette occasion, Reporters sans frontières s'inquiète d'une montée des violences commises envers les femmes journalistes dans le monde. "De plus en plus de femmes journalistes sont victimes d'assassinats, d'arrestations, de menaces ou d'intimidations", a déclaré l'organisation.

La Journée internationale des femmes fête ses 30 ans, le 8 mars. A cette occasion, Reporters sans frontières s'inquiète d'une montée des violences commises envers les femmes journalistes dans le monde. "De plus en plus de femmes journalistes sont victimes d'assassinats, d'arrestations, de menaces ou d'intimidations. Cette augmentation est liée au fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer la profession de journaliste, à occuper des postes plus exposés au sein de médias et à mener des enquêtes dérangeantes", a déclaré Reporters sans frontières. "L'exemple le plus frappant est celui du récent assassinat d'Anna Politkovskaïa (photo), à Moscou. Cette mère de deux enfants a payé de sa vie son combat contre la politique menée par les autorités russes en Tchétchénie. Nous lui rendons hommage, à elle et à toutes les autres qui, au-delà de leur travail journalistique, se battent pour défendre leur liberté d'expression et celle de leurs concitoyens", a ajouté l'organisation. De plus en plus de femmes journalistes assassinées Parmi les 82 journalistes tués dans le monde en 2006, figuraient neuf femmes, soit 11 %. En 2005, près de 13 % des journalistes morts dans l'exercice de leur fonction étaient des femmes. La proportion des femmes journalistes tuées n'a jamais été aussi importante. En 2004, elles représentaient 7,5 % du total des professionnels des médias tués et, en 2003, 2,5 %. Seule bonne nouvelle au milieu de ce décompte macabre : en 2007, à ce jour, aucune femme journaliste n'a été tuée. L'espace post-soviétique a été particulièrement dur pour les femmes journalistes, en 2006. Ogoulsapar Mouradova, correspondante de Radio Free Europe au Turkménistan, est morte en prison, en septembre, vraisemblablement en raison de coups qu'elle avait reçus à la tête. Elle avait été arrêtée en juin, après avoir réalisé plusieurs reportages critiques envers les autorités et aidé une journaliste française qui tournait un documentaire dans le pays. Dans le pays voisin, l'Ouzbékistan, une journaliste et militante des droits de l'homme, Umida Niazova, est emprisonnée depuis le 22 janvier. Elle risque de cinq à dix ans de prison pour avoir fait circuler des témoignages de victimes de la répression des événements d'Andijan, en 2005. En Irak également, des femmes reporters sont victimes de la violence des groupes armés. Atwar Bahjat, de la chaîne de télévision Al-Arabiya, a été tuée à Samarra, en février 2006, alors qu'elle couvrait la destruction partielle d'un mausolée chiite. La journaliste avait été enlevée avec son équipe. Fait rare dans le pays, son assassin a été retrouvé et condamné à la peine capitale quelques mois plus tard. Rim Zeid, journaliste de la chaîne de télévision irakienne Sumariya TV, a, elle aussi, été enlevée avec son collègue Marouane Khazaal, il y a plus d'un an, le 1er février 2006. Depuis, nous sommes sans nouvelles d'eux. En tout, huit femmes, dont six envoyées spéciales étrangères, ont été prises en otages en Irak depuis le début de la guerre, en mars 2003. Une seule - Raeda Wazzan, de nationalité irakienne - a été exécutée par ses ravisseurs. Au Liban, May Chidiac, présentatrice vedette de la chaîne LBC, a été victime d'un attentat en septembre 2005. Grièvement blessée et mutilée, elle a repris son travail après dix mois de soins et de rééducation. Sept femmes derrière les barreaux Sept femmes journalistes sont emprisonnées en ce moment dans le monde. Elles s'appellent Munusamy Parameshawary (Sri Lanka), Saidia Ahmed (Erythrée), Serkalem Fassil (Ethiopie), Rabiaa Abdoul Wahab (Irak), Umida Niazova (Ouzbekistan), Agnès Uwimana Nkusi (Rwanda) et Tatiana Mukakibibi (Rwanda). Toutes sont détenues en raison de leur activité professionnelle. Serkalem Fassil, directrice de publication de trois hebdomadaires, a été arrêtée en novembre 2005 avec son mari, également journaliste. Elle était alors enceinte. Elle a donné naissance à un petit garçon, dans sa cellule, au mois de juin dernier. Après l'avoir gardé avec elle pendant six mois, elle l'a confié à un membre de sa famille et ne le voit plus que rarement. Tatiana Mukakibibi est celle qui est détenue depuis le plus longtemps. Arrêtée en 1996, elle est toujours dans l'attente de son jugement. Gardée à Gitarama, au sud de la capitale rwandaise, dans une prison communale, elle ne cesse de clamer son innocence et de réclamer justice. Des militantes de la liberté d'expression Reporters sans frontières souhaite également saluer le courage de celles qui s'engagent pour défendre la liberté d'expression. Sihem Bensedrine en Tunisie, Tadjigul Begmedova au Turkménistan, Rozlana Taukina au Kazakhstan, Zhanna Litvina au Bélarus et Saïda Kilani en Jordanie, sont quelques-unes de ces femmes qui dirigent une organisation non gouvernementale dédiée à la défense de la liberté de la presse. Elles mènent ce combat dans des conditions particulièrement difficiles, devant faire face aux pressions de l'Etat et aux intimidations de groupes privés qui s'en prennent régulièrement aux journalistes et à leurs défenseurs. Pour éviter des représailles, elles sont parfois contraintes de se réfugier à l'étranger. Enfin, ce tour d'horizon ne serait pas complet sans aborder le cas des blogueuses, ces nouvelles militantes de la liberté d'expression qui utilisent le Net pour tenter d'échapper à la censure. Elles sont nombreuses en Iran. Une vingtaine d'entre elles ont récemment été interpellées à Téhéran alors qu'elles manifestaient pour leurs droits de femmes. Le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad réprime sévèrement les mouvements de revendications féministes. En Arabie saoudite, le blog de Saudi Eve, une jeune femme qui, sous couvert d'anonymat, raconte sa vie amoureuse et parle librement de religion, est bloqué par les autorités. Sans oublier la situation en Afghanistan, où le camp des conservateurs estime que les femmes sont trop nombreuses sur les écrans des télévisions locales et souhaite faire adopter une loi demandant, entre autres, aux femmes journalistes de respecter "les codes vestimentaires religieux".
Publié le
Updated on 25.01.2016