Journée Internationale de la femme : Reporters sans frontières rappelle que deux femmes journalistes sont retenues en otages et six autres sont emprisonnées dans le monde
A la veille de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2006, Reporters sans frontières appelle à la libération de Jill Carroll et de Rim Zeid, retenues en otages en Irak, ainsi que de six autres femmes journalistes emprisonnées à Cuba, en Ethiopie, en Iran, aux Maldives, au Népal et au Rwanda.
A la veille de la Journée internationale de la femme, le 8 mars 2006, Reporters sans frontières appelle à la libération de Jill Carroll et de Rim Zeid, retenues en otages en Irak, ainsi que de six autres femmes journalistes emprisonnées à Cuba, en Ethiopie, en Iran, aux Maldives, au Népal et au Rwanda.
L'organisation a également une pensée particulière pour la famille d'Atwar Bahjat, présentatrice de la chaîne de télévision Al-Arabiya, assassinée le 22 février dernier à Samarra, au nord de Bagdad. Quarante-six femmes journalistes ont été tuées dans l'exercice de leur fonction, dans le monde, depuis 1992.
Jill Carroll et Rim Zeid, deux femmes aux mains de groupes armés
La journaliste américaine Jill Carroll, 28 ans, collaboratrice de plusieurs médias internationaux, dont le quotidien de Boston Christian Science Monitor, a été kidnappée, à Bagdad, le 7 janvier dernier. Depuis, deux vidéos montrant la jeune femme aux mains de ses ravisseurs ont été diffusées.
Le 1er février, la journaliste Rim Zeid et son collègue Marouane Khazaal, travaillant pour la chaîne locale Al-sumariya sortaient d'une conférence de presse au siège du Parti islamique irakien, à Bagdad, quand ils ont été interceptés par quatre hommes armés. Ils ont été emmenés, sous la menace, vers une destination inconnue.
Depuis le début de la guerre en Irak, en mars 2003, huit femmes journalistes ont été enlevées. L'une d'elles, Raeda Wazzan, a été exécutée par ses ravisseurs, en février 2005.
Six femmes privées de leur liberté
A Cuba, parmi les 24 journalistes emprisonnés dans l'île, figure une femme, Lamasiel Gutiérrez Romero, correspondante de l'agence Nueva Prensa Cubana. Elle a été placée en détention le 11 octobre 2005 au centre pénitentiaire pour femmes de Mantonegro (province de La Havane), après avoir repris ses activités journalistiques. Elle avait été condamnée, en août, à sept mois d'assignation à résidence pour "délit de résistance et désobéissance civile". Elle n'avait pas le droit d'exercer sa profession pendant cette durée.
En Ethiopie, l'opposante politique et correspondante du site d'informations en ligne américain Ethiopian Review, Frezer Negash, est emprisonnée depuis le 17 janvier 2006. Enceinte de plus de quatre mois, elle est détenue au poste de police de Maikelawi, à Addis-Abéba. Aucune charge n'a été retenue contre elle. Reporters sans frontières s'est prononcée contre cette détention injustifiée et inhumaine.
Elham Afrotan, journaliste de l'hebdomadaire Tamadone Hormozgan, est détenue à la prison d'Evine, en Iran, depuis le 23 janvier 2006. Elle et six autres collaborateurs du journal ont été arrêtés après avoir publié un texte satirique sur l'ayatollah Khomeyni.
Au cœur du paradis touristique que sont les Maldives, une jeune femme de 32 ans vit un enfer. Jennifer Latheef, reporter-photographe du quotidien Minivan, a été condamnée, en septembre 2005, à dix ans de prison pour "acte terroriste". Libérée fin décembre pour soigner ses blessures dues à des violences policières, elle est toujours en résidence surveillée et ne peut se déplacer librement.
Au Népal, Bhawana Prasain, 24 ans, du mensuel Majdur Aawaj, détenue depuis le 9 février 2006, a affirmé avoir été battue par des policiers qui ont essayé de lui faire avouer son appartenance au mouvement maoïste. Elle a été arrêtée lors d'une manifestation de l'opposition, dans les rues de Katmandou. Reporters sans frontières réclame la libération immédiate de cette jeune femme innocente.
Enfin, au Rwanda, Tatiana Mukakibibi est détenue depuis octobre 1996. Elle était animatrice et productrice de programmes à Radio Rwanda. Après le génocide, elle a travaillé à Kapgayi (au sud de Kigali), avec l'abbé André Sibomana (ancien directeur de Kinyamateka et lauréat 1994 du prix Reporters sans frontières - Fondation de France). D'après elle, son incarcération est le résultat d'un coup monté par des gens de son village parce que André Sibomana envoyait des rapports aux organisations internationales pour dénoncer les exactions commises par des Tutsis en représailles au génocide d'avril 1994. Depuis, les accusations ont changé, mais la procédure n'avance pas et Tatiana est toujours détenue dans des conditions très difficiles. Reporters sans frontières lui a rendu visite à plusieurs reprises.
Des assassins toujours libres
Plusieurs femmes journalistes ont été tuées au cours de ces dernières années. Dans l'immense majorité des cas, les assassins n'ont jamais été inquiétés par la justice de leur pays.
En Iran, deux ans et demi après les faits, la justice fait toujours obstruction à l'avancée de l'enquête sur la mort de la photographe Zahra Kazemi. Le seul inculpé a été innocenté lors d'un procès à huis clos. Aux Philippines, les commanditaires de l'assassinat de Marlene Esperat n'ont toujours pas été identifiés, un an après sa mort. En Somalie, il n'existe que très peu de chances de voir un jour condamnés les auteurs des assassinats de Kate Peyton, 39 ans, et de Duniya Muhiyadin Nur, 26 ans. Idem au Belarus, où ceux qui ont tué Veronika Cherkasova, en octobre 2004, bénéficient du climat de totale impunité entretenu par les autorités. Au Mexique, malgré les efforts de la justice, les meurtriers de Dolores Guadalupe Garcia ne sont pas connus.
Courageuses
Reporters sans frontières rend également hommage à May Chidiac, la présentatrice de la chaîne libanaise LBC, victime d'un attentat en plein cœur de Beyrouth, en septembre 2005. Sortie vivante de cette attaque, elle est gravement mutilée.
Enfin, l'organisation salue le courage de toutes les épouses, conjointes, mères, sœurs et filles de journalistes qui réclament justice pour leurs proches assassinés, disparus ou emprisonnés. Elles se battent chaque jour pour connaître la vérité ou demander réparation.
Il est impossible de toutes les nommer, mais Reporters sans frontières tient à citer quelques-unes d'entre elles, dont le combat pour la liberté d'expression est particulièrement exemplaire : Samia Abbou, Fatiha Benchicou, Gemma Damalerio, les Dames en blanc, Gisèle Khoury, Mary Lau, Fabienne Nérac, Gao Qinsheng, Osange Silou-Kieffer, Nayla Tuéni, Massoumeh Shaffii-Ganji .