Journée de la Terre : RSF appelle les États à protéger les journalistes environnementaux
À l’occasion de la Journée internationale de la Terre, Reporters sans frontières (RSF) dénonce les difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les journalistes environnementaux et appelle les États à renforcer leur protection.
Des agressions physiques aux procédures-bâillons, en passant par les restrictions d’accès à l’information motivées par des intérêts économiques ou politiques, le journalisme environnemental se situe à la croisée des menaces pour la liberté de la presse. À l’occasion de la Journée de la Terre, RSF dénonce les entraves au droit à l’information sur les questions écologiques et climatiques et appelle tous les États à reconnaître le caractère vital du travail des journalistes environnementaux et à garantir leur sécurité.
Informer sur l’environnement au péril de sa vie
Ces dix dernières années, selon les données de RSF, près de 200 journalistes ont fait l’objet de violences – allant de la simple menace à l’assassinat – parce qu’ils travaillaient sur des sujets liés à l’environnement. L’Asie et l’Amérique du Sud sont les deux zones géographiques les plus dangereuses pour les journalistes environnementaux : 24 d’entre eux y ont été assassinés ces dix dernières années en lien avec leur travail sur ces sujets, dont 7 en Amérique latine et 17 en Asie.
En Inde, près de la moitié des journalistes tués dans le pays ces dix dernières années – soit 13 sur 28 – travaillaient sur des questions environnementales, souvent teintées de corruption et liées au crime organisé, telles que la célèbre “mafia du sable”, qui exporte illégalement des millions de tonnes de cette précieuse ressource pour la construction. C’est également en Asie qu’a été recensé le dernier assassinat en date d’un journaliste pour son travail sur l’environnement, celui du journaliste philippin Cresenciano Bunduquin, aussi connu sous le nom de “Cris” par ses auditeurs. Alors qu’il venait notamment de dénoncer dans l’une de ses émissions le naufrage d’un tanker dont le permis de circuler aurait été falsifié, il a été sauvagement abattu en sortant de son domicile le 31 mai 2023.
De l’autre côté du Pacifique, en Amérique du Sud, les journalistes qui couvrent les enjeux cruciaux de la déforestation en Amazonie sont eux aussi menacés et subissent quotidiennement des pressions les empêchant d’exercer leur travail en toute liberté. En 2022, au Brésil, le meurtre du journaliste britannique spécialiste des questions écologiques Dom Phillips, ainsi que celui du défenseur brésilien des communautés indigènes Bruno Arauújo Pereira, illustraient déjà l’ampleur du problème.