Jour J-23 avant l'élection présidentielle: un journal d'opposition au bord de la fermeture
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Le 22 février 2006, le procureur général de Minsk a engagé des poursuites judiciaires contre l'hebdomadaire d'opposition Zhoda, qui avait reproduit, dans son édition du 17 février, plusieurs caricatures de Mahomet. Le journal est accusé d'«incitation à la haine religieuse», d'après l'article 130 du code pénal. Cet acte est passible d'une amende ou d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison.
«L'affaire des caricatures arrive à point pour le président Loukachenko. Il a trouvé un bon prétexte pour s'en prendre à cet hebdomadaire du Parti social-démocrate, dirigé par Alexandre Kazouline, l'un de ses principaux concurrents à la prochaine élection présidentielle. Cette condamnation abusive et inadmissible n'est que la suite d'un acharnement contre le journal, qui va certainement aboutir à sa fermeture à la veille du scrutin», a déclaré Reporters sans frontières.
Les officiers du KGB (services secrets) ont perquisitionné les locaux de l'hebdomadaire le 22 février et saisi quatre ordinateurs. Alexei Korol et Alexandre Sdvizhkov, respectivement rédacteur en chef et rédacteur en chef adjoint, ont été interrogés au bureau du KGB pendant plusieurs heures.
Contacté par Reporters sans frontières, Alexandre Sdvizhkov qualifie cette affaire de politique. Il accuse les autorités d'utiliser la polémique autour des caricatures danoises pour fermer l'hebdomadaire.
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré qu'il «condamnerait toute action qui pourrait inciter à la discorde religieuse ou attiser le ressentiment ente les minorités ethniques et religieuses vivant au Bélarus».
L'hebdomadaire Zhoda est victime depuis plusieurs mois d'un harcèlement régulier de la part des autorités, qui multiplient perquisitions et saisies d'ordinateurs, allant jusqu'à ordonner à la poste de rompre son contrat d'abonnement avec le journal.
Les caricatures de Mahomet, publiées dans des journaux danois et norvégien, ont eu de fortes répercussions sur la scène internationale, et des mouvements de protestation sont nés un peu partout dans le monde. Aucune des minorités du Bélarus n'a organisé de manifestation pour s'opposer à ces caricatures. Dans ce pays, la communauté musulmane représente moins de 1% de la population.
Publié le
Updated on
20.01.2016