Josep Borrell quitte Alger après une visite de trois jours
Organisation :
Josep Borrell a achevé, le 9 mars 2006, sa visite en Algérie.
A l'occasion de ce déplacement, Reporters sans frontières avait appelé Josep Borrell à la vigilance concernant la situation de la liberté de la presse en Algérie.
Avant de quitter Alger, Josep Borrell a tenu une conférence de presse à l'aéroport Houari Boumediène.
" La collaboration politique est là. Nous la poursuivrons tout en discutant des points à améliorer. On peut être critique par rapport à des points concrets, mais la situation des libertés est moins mauvaise que dans d'autres pays méditerranéens", a-t-il souligné.
Sur la question des journalistes emprisonnés et notamment concernant la détention de Mohamed Benchicou, le président du Parlement européen a ajouté : " Nos interlocuteurs nous ont expliqué que l'un des cas ne concernerait pas un délit d'opinion mais un délit d'une autre nature."
"Il n'est pas possible de croire aux mensonges du gouvernement algérien", a déclaré Fatiha Benchicou, l'épouse du journaliste. Son mari, directeur du Matin, est détenu depuis le 14 juin 2004 à Alger, malgré un état de santé préoccupant.
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03.03.2006 Reporters sans frontières s'adresse à Josep Borrell
A la veille de la visite officielle de Josep Borrell en Algérie du 6 au 12 mars 2006, Reporters sans frontières a appelé le président du Parlement européen à entreprendre des démarches diplomatiques en faveur des droits de l'homme et de la liberté d'expression dans le pays.
Monsieur Josep Borrell Fontelles
Président du Parlement européen
Rue Wiertz
B-1047, Bruxelles
Paris le 2 mars 2006,
Monsieur le Président,
A l'occasion de votre visite officielle en Algérie, du 6 au 12 mars 2006, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur la situation préoccupante de la liberté de la presse dans ce pays. Depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika en 2004, la presse algérienne est mise à mal. Censures, convocations à répétition, plaintes en diffamation émanant du pouvoir et partialité des juges sont le lot quotidien des journalistes algériens. Plus d'une centaine d'affaires de presse ont été enregistrées en 2005. Elles se sont soldées par des condamnations à des amendes et des peines de prison ferme ou avec sursis. Certaines sont encore en cours d'instruction. Il serait naturellement impossible de relever dans ce courrier l'ensemble des atteintes à la liberté de la presse dans le pays. Il est néanmoins utile de citer quelques exemples. Mohamed Benchicou, le directeur du Matin, est incarcéré à la prison d'El-Harrach (Alger) depuis le 14 juin 2004. Malgré son état de santé qui ne cesse de se détériorer, les autorités refusent de le soigner. Près d'une cinquantaine de plaintes pour délits de presse ont été jugées ou sont instruites contre lui. Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné le 11 février 2006, à une année de prison et 50 000 dinars (550 euros) d'amende pour une dizaine de caricatures du président Abdelaziz Bouteflika, parues dans le quotidien Liberté, en octobre et novembre 2003. Le dessinateur est également poursuivi pour "diffamation" dans 24 affaires de presse et cumule, plus de neuf ans de prison. Il a fait appel et demeure, pour le moment, en liberté. Kamel Bousaâd et Berkane Bouderbala, respectivement directeurs des hebdomadaires arabophones Errisala et Essafir, ont été arrêtés, le 12 février 2006, pour avoir reproduit des caricatures de Mahomet publiées dans le quotidien danois Jyllands Posten. Leurs deux publications ont été suspendues et les deux hommes risquent des peines de prison ferme. Le correspondant régional du quotidien arabophone El Khabar à El-Bayadh (sud-ouest d'Alger), Bachir El Arabi a été incarcéré pendant un mois pour "diffamation" avant d'être libéré le 21 février 2006. Il est actuellement poursuivi par les walis de Naâma et d'El Bayadh pour "propos diffamatoires" dans au moins six autres affaires de presse. Hier encore, Hakim Laâlam, chroniqueur du quotidien algérien Le Soir d'Algérie, a été condamné à six mois de prison ferme ainsi qu'à une amende de 250 000 dinars (2750 euros) pour une chronique intitulée "La fessée", brocardant le président algérien. Ces graves manquements aux principes de toute démocratie ainsi qu'à l'accord d'Association signé entre l'Union européenne et l'Algérie appellent de notre part les recommandations suivantes que nous adressons régulièrement aux autorités du pays : - La modification du code pénal afin de supprimer les peines de prison pour les délits de presse, comme l'a demandé le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression ; - la fin du monopole d'Etat sur la radio et la télévision ; - l'ouverture d'enquêtes dans les cas d'agressions ou de menaces à l'encontre de professionnels des médias, en s'intéressant tout particulièrement aux cas des correspondants locaux ; - la levée de l'interdiction imposée aux journalistes algériens de travailler pour plus d'un média à la fois ; - la levée du monopole sur la publicité publique. Aujourd'hui, l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP), sous contrôle du gouvernement, se donne les moyens d'étrangler financièrement les journaux dont la ligne éditoriale critique le pouvoir ; - la libération immédiate du directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou. Connaissant votre attachement aux droits de l'homme, nous ne doutons pas que vous évoquerez ces questions lors de vos entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le ministre des Affaires étrangères algérien. Un journaliste demeure derrière les barreaux et 18 autres, condamnés à des peines de prison ferme sont menacés de le rejoindre à tout moment. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général
Président du Parlement européen
Rue Wiertz
B-1047, Bruxelles
Paris le 2 mars 2006,
Monsieur le Président,
A l'occasion de votre visite officielle en Algérie, du 6 au 12 mars 2006, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur la situation préoccupante de la liberté de la presse dans ce pays. Depuis la réélection du président Abdelaziz Bouteflika en 2004, la presse algérienne est mise à mal. Censures, convocations à répétition, plaintes en diffamation émanant du pouvoir et partialité des juges sont le lot quotidien des journalistes algériens. Plus d'une centaine d'affaires de presse ont été enregistrées en 2005. Elles se sont soldées par des condamnations à des amendes et des peines de prison ferme ou avec sursis. Certaines sont encore en cours d'instruction. Il serait naturellement impossible de relever dans ce courrier l'ensemble des atteintes à la liberté de la presse dans le pays. Il est néanmoins utile de citer quelques exemples. Mohamed Benchicou, le directeur du Matin, est incarcéré à la prison d'El-Harrach (Alger) depuis le 14 juin 2004. Malgré son état de santé qui ne cesse de se détériorer, les autorités refusent de le soigner. Près d'une cinquantaine de plaintes pour délits de presse ont été jugées ou sont instruites contre lui. Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné le 11 février 2006, à une année de prison et 50 000 dinars (550 euros) d'amende pour une dizaine de caricatures du président Abdelaziz Bouteflika, parues dans le quotidien Liberté, en octobre et novembre 2003. Le dessinateur est également poursuivi pour "diffamation" dans 24 affaires de presse et cumule, plus de neuf ans de prison. Il a fait appel et demeure, pour le moment, en liberté. Kamel Bousaâd et Berkane Bouderbala, respectivement directeurs des hebdomadaires arabophones Errisala et Essafir, ont été arrêtés, le 12 février 2006, pour avoir reproduit des caricatures de Mahomet publiées dans le quotidien danois Jyllands Posten. Leurs deux publications ont été suspendues et les deux hommes risquent des peines de prison ferme. Le correspondant régional du quotidien arabophone El Khabar à El-Bayadh (sud-ouest d'Alger), Bachir El Arabi a été incarcéré pendant un mois pour "diffamation" avant d'être libéré le 21 février 2006. Il est actuellement poursuivi par les walis de Naâma et d'El Bayadh pour "propos diffamatoires" dans au moins six autres affaires de presse. Hier encore, Hakim Laâlam, chroniqueur du quotidien algérien Le Soir d'Algérie, a été condamné à six mois de prison ferme ainsi qu'à une amende de 250 000 dinars (2750 euros) pour une chronique intitulée "La fessée", brocardant le président algérien. Ces graves manquements aux principes de toute démocratie ainsi qu'à l'accord d'Association signé entre l'Union européenne et l'Algérie appellent de notre part les recommandations suivantes que nous adressons régulièrement aux autorités du pays : - La modification du code pénal afin de supprimer les peines de prison pour les délits de presse, comme l'a demandé le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression ; - la fin du monopole d'Etat sur la radio et la télévision ; - l'ouverture d'enquêtes dans les cas d'agressions ou de menaces à l'encontre de professionnels des médias, en s'intéressant tout particulièrement aux cas des correspondants locaux ; - la levée de l'interdiction imposée aux journalistes algériens de travailler pour plus d'un média à la fois ; - la levée du monopole sur la publicité publique. Aujourd'hui, l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP), sous contrôle du gouvernement, se donne les moyens d'étrangler financièrement les journaux dont la ligne éditoriale critique le pouvoir ; - la libération immédiate du directeur du journal Le Matin, Mohamed Benchicou. Connaissant votre attachement aux droits de l'homme, nous ne doutons pas que vous évoquerez ces questions lors de vos entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le ministre des Affaires étrangères algérien. Un journaliste demeure derrière les barreaux et 18 autres, condamnés à des peines de prison ferme sont menacés de le rejoindre à tout moment. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général
Publié le
Updated on
20.01.2016