Jamal Al-Mouhtaseb libéré sous caution après 21 jours de détention; charges maintenues

“Reporters sans frontières est soulagée à l’annonce de la libération sous caution, le 13 mai 2012, du journaliste Jamal Al-Mouhtaseb, en détention provisoire depuis le 23 avril dernier. Toutefois, nous ne pouvons que déplorer le caractère conditionnel de cette libération, après 21 jours de détention, et le maintien des poursuites contre le journaliste”, a déclaré l’organisation. “Par ailleurs, nous soulignons l’illégalité des poursuites engagées contre un journaliste devant un tribunal militaire. Cette procédure est contraire à la constitution jordanienne et aux engagements internationaux, dont l’Etat jordanien est signataire. Nous demandons aux autorités la levée immédiate des charges qui pèsent à l’encontre de Jamal Al-Mouhtaseb”, a réitéré Reporters sans frontières. Le procureur général de la cour de sûreté d’Etat a ordonné la libération de Jamal Al-Mouhtaseb, rédacteur en chef de l’agence d’information en ligne Gerasa News, le 13 mai 2012, après le versement d’une caution de 5000 dinars jordaniens (près de 5 300 euros). Des manifestations avaient été organisées par des professionnels de l’information, le 11 mai dernier à Amman, afin de demander la libération du journaliste. Jamal Al-Mouhtaseb reste toutefois accusé “d’incitation au renversement du régime” après la publication d’un article dénonçant une affaire de corruption impliquant un ancien ministre du gouvernement du royaume hachémite, Sahil Majali. Il risque jusqu’à quinze années de réclusion. Poursuivie pour les mêmes chefs d’accusation, la journaliste Sahar Al-Mouhtaseb, qui travaille également à Gerasa News, avait été libérée après le versement d’une caution du même montant. Au regard du droit jordanien, ces procédures sont illégales et infondées. En effet, la constitution du Royaume hachémite de Jordanie interdit, dans son article 101, de juger un civil devant un tribunal militaire, sauf en cas d’accusation de “haute trahison”, d’ “espionnage” et de “trafic de stupéfiants”. ------------------------------------- 25.04.2012 - Un journaliste face à un tribunal de sûreté d’Etat au royaume hachémite Reporters sans frontières déplore l’inculpation et le placement en détention du journaliste Jamal Al-Mouhtaseb, le 23 avril 2012. “L’incarcération de Jamal Al-Mouhtaseb est une violation grave de la loi jordanienne et de la liberté d’information. La procédure engagée par les autorités contre ce journaliste, qui a révélé dans l’intérêt du public une affaire de corruption, est illégale et arbitraire. Par ailleurs, elle montre combien la famille royale est hostile à toute critique ou remise en cause. Nous demandons sa libération immédiate et la levée des charges qui pèsent contre lui”, a déclaré Reporters sans frontières. Jamal Al-Mouhtaseb, rédacteur en chef de l’agence d’information en ligne Gerasa News et de l’hebdomadaire Al-Mir’aa, a été placé, le 23 avril 2012, en détention provisoire pour une durée de 14 jours, à la prison de Juweida, à Amman. Poursuivi pour “incitation à la contestation du régime”, il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Cette procédure fait suite à la publication d’un article intitulé “Un député avance l’existence de directives royales pour que Majali ne soit pas condamné dans l’affaire ‘Sakan Karim’”, du nom d’un projet faramineux de logements sociaux. Jamal Al-Mouhtaseb dénonçait des affaires de corruption au plus haut niveau de l’Etat, impliquant l’ancien ministre Sahil Majali. D’après l’Agence France-Presse (AFP), ce programme immobilier, démarré en 2008 pour un budget initial de 7 milliards de dollars, avait pour but de construire 100 000 logements en Jordanie. Selon le journaliste, le pouvoir exécutif, par le biais des directives royales, aurait incité les députés à ne pas condamner l’ancien ministre pour ce scandale de corruption. Le recours à un tribunal d’exception pour juger le journaliste manifeste une certaine nervosité des autorités, où la raison d’Etat l'emporte sur la liberté d’information. Au regard du droit jordanien, cette procédure est totalement illégale et infondée. En vertu de l’article 101, paragraphe 2 de la constitution du Royaume hachémite de Jordanie, il est formellement interdit de juger un civil devant un tribunal militaire, sauf en cas d’accusation de haute trahison, d’espionnage et de trafic de stupéfiants. Mettre en cause les autorités royales constitue une ligne rouge à ne pas franchir pour la presse en Jordanie, sous peine de sanction. Le 24 avril 2012, l’agence d’information Gerasa News a indiqué que le tribunal de sûreté d’Etat avait ajourné au 25 avril, sans explications, la décision sur l’éventuelle libération sous caution du journaliste. Poursuivie pour les mêmes chefs d’accusation, la journaliste Sahar Al-Mouhtaseb, qui travaille également à Gerasa News, avait été libérée après le versement d’une caution de 5 000 dinars jordaniens (soit près de 5 300 euros). Le 23 avril dans la soirée, le site Gerasa News a fait l’objet d’attaques informatiques. Selon ce média, sept utilisateurs ont pris le contrôle du site et supprimé les articles concernant l’arrestation et l’inculpation de Jamal Al-Mouhtaseb. Le 23 avril dernier, près de cinquante journalistes ont organisé un sit-in devant les bâtiments de la “Jordan Press Association” pour protester contre le recours à un tribunal de sûreté d’Etat et réclamer la libération immédiate de leur confrère. Ils ont réitéré cette action dans la matinée du 24 avril, avant d’entamer, dans l’après-midi, un nouveau rassemblement devant le Parlement.
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Mise à jour le 20.01.2016