“J’ai dû lui dire à quatre reprises qui je suis pour qu’il me reconnaisse enfin” : un journaliste syrien en danger dans les prisons kurdes

Un journaliste syrien, emprisonné depuis 2019 dans l’Administration autonome kurde, est en grève de la faim depuis plus d’un mois et sa santé se dégrade dangereusement. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate.

RSF appelle à la libération immédiate de Mohamad Al-Saghir, déclare le bureau Moyen-Orient de RSF. Comment les autorités kurdes peuvent-elles rester indifférentes devant ces témoignages horrifiants sur son état de santé ? Cet emprisonnement est arbitraire, ces conditions de détention sont inhumaines et cette condamnation est montée de toutes pièces."

Il est aujourd’hui méconnaissable. Le journaliste Mohamad Tawfik Al-Saghir, reporter pour la chaîne de télévision pro-Damas Al-Ikhbariya, refuse de s’alimenter depuis le 19 juillet pour protester contre sa détention et a perdu énormément de poids.  Les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui contrôlent le nord et l’est de la Syrie, l’ont emprisonné en juin 2019.  Il a été arrêté à un point de contrôle après avoir filmé un incendie qui se propageait dans des champs de blé à Hassaké.

Accusé d’être à l’origine de cet incendie, d’avoir “déformé les faits” et “induit en erreur l’opinion publique”, il a été condamné par un tribunal militaire anti-terroriste à 25 ans de prison. Ses proches nient tout en bloc. “Ces accusations ont été montées de toutes pièces et ils l’ont même forcé à signer un papier d’aveu sous la torture, déclare un membre de son entourage, joint par RSF. En réalité, ce sont les FDS qui ont incendié les champs des agriculteurs qui refusaient de leur vendre leurs récoltes.” 

Coupé du monde extérieur dans la prison militaire de Ghwayran, il partage sa cellule “avec des ex-combattants de Daech”, précise Cham Times, un site d’information pro-gouvernement. Sa famille ne sera autorisée à le revoir qu’au bout de deux ans après son arrestation. “Un homme se tenait face à moi. J'ai demandé au gardien de prison qui c’était. J’étais stupéfait. Il pesait à peine 40 kilos, se rappelle un proche. Il m’a confié qu’il avait été victime de plusieurs attaques cérébrales à cause des coups de bâton électrique”. Atteint d’amnésie partielle, il risque de perdre complètement la mémoire. “J’ai dû lui dire à quatre reprises qui je suis pour qu’il me reconnaisse enfin."

Malgré la santé de Mohamad Al-Saghir qui se dégrade à vue d'œil, les autorités refusent de lui accorder une prise en charge médicale appropriée. Outre les séquelles psychologiques provoquées par les tortures en détention, le journaliste a subi de nombreuses attaques cérébrales, dont la dernière en septembre 2021. 

Contactées par RSF, les FDS n’ont pas donné suite. 

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