Iran : Soheil Arabi libéré après huit ans de prison, mais condamné à l’exil

Le journaliste Soheil Arabi a pu sortir de prison, mardi 16 novembre, après huit ans dans les geôles iraniennes. Il est cependant contraint de s’exiler dans la ville de Borazjan, à plus de 1 000 kilomètres de Téhéran. Reporters sans frontières (RSF) condamne l’acharnement sans fin que subit un des lauréat


Soheil Arabi est enfin sorti des geôles où il avait été maltraité et même torturé. Le lauréat du prix RSF 2017 dans la catégorie journaliste-citoyen a été libéré, mardi 16 novembre, après avoir passé près de huit ans en prison. Toutefois, il n’a pas terminé de purger sa peine puisqu’il doit désormais s’exiler pour une durée de deux ans dans la ville de Borazjan, dans le sud du pays, à plus de 1 000 kilomètres de son domicile de Téhéran. Une situation que dénoncent ses proches qui affirment que le journaliste a déjà été incarcéré “285 jours illégalement”. L’avocat de Soheil Arabi a précisé que ces jours seraient décomptés de son temps en exil.


 “La République islamique d’Iran est l'un des pays les plus répressifs au monde, ne se contentant pas d’arrestations arbitraires ou de condamnations abusives, mais accablant les citoyens de ‘peines complémentaires’ pour les faire taire à jamais, déplore le responsable du bureau Iran/Afghanistan de RSF, Reza Moini. Ces condamnations sont contraires aux articles 12 et 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l’Iran est signataire”.


Depuis des années, Soheil Arabi est victime d’un harcèlement judiciaire et “disciplinaire” arbitraire et illégal de la part des autorités iraniennes. Il est arrêté fin 2013 à Téhéran avant d’être condamné successivement à trois ans de prison, 30 coups de fouet et une lourde amende. Quelques mois plus tard, il est condamné à mort, avant de voir sa peine annulée. En 2015, il est finalement condamné à sept ans et demi de prison. Dans les premiers mois de  sa détention, il subi des mauvais traitements dans le but de lui faire avouer son implication dans la mise en place d’un réseau sur Facebook blasphémant l’islam et diffusant des informations critiques du régime. 


Transféré plusieurs fois dans différentes prisons, gardé à l’isolement durant de longues périodes, le journaliste est même torturé et blessé pour être devenu la voix des prisonniers dénonçant les conditions de détention catastrophiques dans l’établissement de Téhéran. En octobre dernier, il avait entamé une nouvelle grève de la faim pour protester contre le sort réservé aux détenus iraniens. 


La mère du lauréat du prix RSF 2017, Farangis Mazloom, est également victime de harcèlement judiciaire et va devoir purger une peine d'un an de prison ferme. Elle a été informée de cette décision le 20 octobre 2021. Son crime : avoir alerté l’opinion publique sur les conditions de détention de son fils et avoir protesté contre les traitements inhumains et dégradants qui lui sont infligés.  


La république islamique d’Iran figure à la 174e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.

Publié le
Updated on 17.11.2021