Iran: Deux journalistes arrêtés dans le coma
Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus vive inquiétude concernant le sort de deux journalistes arrêtés lors d’affrontements opposant la police et des membres d’une confrérie soufie.
Pendant trois jours, du 19 au 21 février, le quartier de Pasdaran, (nord de Téhéran) a été le théâtre de violents affrontements entre la police et une confrérie soufie iranienne, les derviches Gonabadi. Ces heurts ont fait au moins sept morts, dont trois policiers, et une centaine de blessés. Plus de 300 personnes ont également été arrêtées. Parmi elles se trouvent deux journalistes du Majzooban Nor, Reza Entesari et Kasra Nouri, ainsi que plusieurs autres collaborateurs de ce site d’information, dont Faezeh Abdipour. Majzooban Nor qui s’avère être la seule source d’information indépendante de la communauté des derviches Gonabadi avait publié des informations et diffusé des vidéos sur les violences de la police et des miliciens en civil.
Selon des témoins, les deux journalistes ont été violement battus et arrêtés dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 février. Depuis leur famille n’a eu aucune information officielle sur le lieu ou leur condition de détention. Les autorités n’ont fait également aucune déclaration à leur sujet. Cependant, selon plusieurs anciens détenus libérés ces dernières 48 heures, les deux journalistes auraient été transférés à l’hôpital de la police Imam Sajad à Téhéran peu de temps après leur arrestation, en raison de la détérioration de leur état de santé. Plusieurs sources affirment que les deux journalistes se trouvent dans le coma.
« Nous sommes extrêmement inquiets pour la santé de ces deux journalistes, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran à RSF. Le manque de transparence et le déni de justice qui entourent leur arrestation et leur l'hospitalisation est inacceptable. Nous rappelons les plus hautes instances du régime à leur devoir: elles se sont engagées à respecter les conventions internationales en matière de droit de l’homme. Ce sont elles qui sont responsables de la vie de ces journalistes. »
Reza Entesari et Kasra Nouri ont déjà été arrêtés et emprisonnées à plusieurs reprises. Depuis dix ans les derviches Gonabadi sont victimes de répression de la part des fondamentalistes du régime.
L’Iran est classé 165e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.