Iran : À l’approche de l’élection présidentielle, la pression s’accentue sur les médias et les journalistes, notamment étrangers

Alors que la campagne officielle pour l’élection présidentielle a débuté en Iran, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une nouvelle fois l’absence d’information indépendante, la censure imposée aux médias et le recours aux menaces contre les journalistes de la part du régime.

L’échéance se rapproche : c’est le 18 juin que se tiendront les 13e élections présidentielles iraniennes. La sélection des candidats par le Conseil des gardiens de la constitution de la République islamique, dont les membres sont directement choisis et nommés par le Guide suprême Ali Khamenei, laisse peu d’espoir à un processus électoral clair et transparent. 


Mais le régime ne s’est pas contenté d’organiser une mascarade en vue de cette élection. Il  a aussi imposé une censure à l’ensemble des médias, qui se retrouvent ainsi dans l’incapacité de jouer leur rôle d’informer librement sur le scrutin et, à coups de convocations, menacé les journalistes et les journalistes-citoyens qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Depuis le 16 mai, date de clôture de l’inscription des candidats à la présidence, RSF a recensé au moins 42 cas de convocations par le parquet et de menaces par des agents du ministère des Renseignement. Les interdictions, comme celle d’écrire des “propos négatifs ou critiques sur l’élection” ou de “critiquer Ebrahim Raïssi”, un dignitaire religieux proche d’Ali Khamenei, actuel chef du système judiciaire et candidat à la  présidentielle, qui s’adressent à tous les professionnels de l’information, ne peuvent pas être plus claires.


« La République islamique d’Iran n’a jamais respecté ni l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit une élection “honnête, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs” - dont elle est signataire -, ni l’article 19 qui assure la liberté d'expression et d’information, préalables dont les électeurs doivent disposer pour être en mesure de faire leur choix, déclare le responsable du bureau Iran/Afghanistan de RSF, Reza Moini. Devant les menaces proférées contre des journalistes, la censure des journaux, le filtrage des sites d’information et des réseaux sociaux, ainsi que la répression des opinions critiques, il est impossible de parler d’un processus démocratique du scrutin. »


Alors que les agences de presse présentes dans le pays ne peuvent aborder les sujets sensibles et sont dans l’obligation d’accepter les lignes rouges arbitraires du régime, la couverture par la presse étrangère de l’élection constitue un enjeu majeur pour le régime. Depuis des années, un comité commun des ministres des Renseignements, de la Culture et de l’Orientation islamique, et des Affaires étrangères sélectionne les journalistes étrangers et leur accorde un visa. Selon les informations recueillies par RSF, plusieurs demandes ont été refusées aux journalistes qui ont déjà écrit des articles critiques contre le régime. 


Les journalistes étrangers qui ont leur visa sont « gentiment invités » à se regrouper dans une hôtel de Téhéran, non seulement sous la surveillance étroite des services des renseignements, mais aussi de celle de l’agent de service qui leur est imposé par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique. Dans le même temps, les journalistes de la section persane des médias internationaux, des chaînes privées et des sites d’information basés à l’étranger ont également subi des menaces de la part des services de renseignements ou de la justice iranienne.   


L’Iran occupe la 174e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.

Publié le
Updated on 11.06.2021