Irak : alerte sur le sort du journaliste kurde Sherwan Sherwani
Depuis l’emprisonnement du journaliste kurde irakien Sherwan Sherwani il y a une semaine, nul ne sait où il se trouve et quel est son état de santé. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète du sort qui lui est réservé et demande aux autorités de permettre à son avocat de lui rendre visite le plus rapidement possible.
Son avocat a donné l’alerte. Le journaliste indépendant kurde irakien Sherwan Sherwani, arrêté à son domicile par les forces de sécurité le 7 octobre dernier, est toujours emprisonné et son lieu de détention demeure inconnu. Des membres du Mouvement pour le changement, un parti politique représenté au Parlement irakien à Bagdad, se sont notamment montrés très alarmistes, estimant, dans un communiqué, que la vie du journaliste était en danger.
Le coordinateur du plaidoyer international du gouvernement autonome du Kurdistan, Dindar Zebari, a accusé le journaliste d’avoir reçu des “fonds étrangers dans le but de déstabiliser le pays”, un crime passible de prison à perpétuité. Le représentant kurde accuse également Sherwan Sherwani d’avoir mis en danger la vie des juges et d’avoir encouragé la violence dans les manifestations antigouvernementales.
Selon des informations recueillies par RSF, le journaliste qui détenait des informations sur une affaire politiquement sensible a été contraint d’avouer ces charges officielles, probablement sous la torture.
“Nous sommes très préoccupés par le sort réservé à Sherwan Sherwani en prison, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF. L’administration carcérale doit impérativement permettre à son avocat de lui rendre visite et à sa famille de communiquer avec lui afin de s’assurer de son état de santé. Les autorités se doivent de mener des procédures judiciaire en toute transparence et en conformité avec leur propre Constitution.”
Ce n’est pas la première fois que les autorités kurdes irakiennes font pression sur Sherwan Sherwani. En 2012, il a été arrêté pour avoir enquêté sur une affaire de corruption. Quelques mois plus tard, il a été poursuivi en diffamation par un neveu du président Masoud Barzani. En 2017, lors du référendum sur l’indépendance de la région, le journaliste a reçu des menaces de mort. Enfin, en 2019, il a été interpellé après avoir couvert une manifestation à la frontière turque.
L’Irak occupe la 162e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.