Introuvable pendant une semaine, la journaliste Stephania Cardoso donne signe de vie

Dans un court entretien accordé, le 15 juin 2012, à la station Radio Fórmula, la journaliste Stephania Cardoso, disparue une semaine plus tôt dans l’État de Coahuila, a fait savoir qu’elle était en bonne santé, ainsi que son jeune fils présent avec elle. La jeune journaliste du quotidien Zócalo de Saltillo a néanmoins refusé de donner le moindre détail sur les circonstances de sa disparition ni sur sa localisation. Elle ne compte pas non plus se mettre en contact direct avec ses proches, par souci de sécurité pour ces derniers. “Cette nouvelle tient du miracle au milieu du chaos enduré par les journalistes mexicains. Nous attendons que Stephania Cardoso soit localisée et placée en lieu sûr avec son enfant dans les plus brefs délais. Là encore, les dispositifs de protection, prévus dans le cadre de la nouvelle législation fédéralisant les attaques commises contre la liberté d’informer, doivent être mis en œuvre au moindre signalement d’un danger pour une rédaction et ses employés”, a déclaré Reporters sans frontières. Directeur d’Article 19 au Mexique, Darío Ramírez a confirmé que la journaliste avait établi le contact avant l’entretien avec son organisation, laquelle se donne pour mission de la mettre en relation, comme elle l’a réclamé à l’antenne, avec le ministère fédéral de la Justice (PGR) et le ministère de l’Intérieur (Secretaría de Gobernación). Tout en se réjouissant de la nouvelle, la rédaction et la famille de Stephania Cardoso ont confirmé à Reporters sans frontières n’avoir eu aucune conversation avec elle depuis le 8 juin, et espèrent que la protection qu’elle a sollicitée auprès des autorités fédérales lui sera rapidement accordée. _________________ 12.06.2012 - Possible enlèvement d'une journaliste portée disparue avec son jeune fils à Coahuila Aucune explication ni piste sérieuse n’est encore avancée depuis la disparition, dans la nuit du 8 au 9 juin 2012, à Saltillo (capitale de l’État de Coahuila), d’Hypathia Stephania Rodríguez Cardoso, âgée de 30 ans, et de son petit garçon de 2 ans. La journaliste du quotidien local Zócalo avait participé, la veille, aux célébrations de la Journée pour la liberté d’expression. Depuis son retour chez elle dans la nuit du 8 au 9 juin dernier – dont elle avait elle-même informé ses collègues par Twitter -, la jeune femme ne s’est pas présentée le lendemain au bureau. En se rendant à son domicile, ses proches ont découvert les lieux en désordre et son appareil photo brisé au sol. L’absence du véhicule familial a été également constatée. “Spécialiste de la rubrique policière de son journal, Stephania Cardoso pouvait, de fait, s’attirer des représailles dans une région connue pour son extrême dangerosité. Les premiers éléments rapportés par sa famille pourraient accréditer la thèse d’un enlèvement. L’État de Coahuila, lieu d’affrontements ouverts entre cartels et terrain privilégié de l’offensive fédérale contre le narcotrafic, affiche le sinistre bilan de 1 800 disparitions au cours des trois dernières années. La mobilisation des autorités doit être totale pour retrouver saine et sauve la jeune femme et son enfant, alors que les premiers éléments rapportés par sa famille accréditent la terrible hypothèse d’un enlèvement à domicile”, a déclaré Reporters sans frontières. Luis Eduardo Mendoza, directeur général adjoint du quotidien Zócalo, nous a certifié que Stephania Cardoso travaillait depuis deux ans au sein de la rédaction en tant que chargée des faits divers, tout en disant ignorer si elle avait préalablement reçu des menaces. L’organisation a également reçu confirmation que l’enquête sur sa disparition relevait désormais du ministère fédéral de la Justice (PGR), saisi d’une plainte de la Commission nationale des droits de l’homme. Ce drame n’est pas le premier à affecter le groupe de presse Zócalo, déjà endeuillé par l’assassinat du journaliste Valentín Valdés Espinosa, le 7 janvier 2010. Le média compte un autre disparu en la personne de Rafael Ortíz Martínez, introuvable depuis le 8 juillet 2006. Le Mexique compte 84 journalistes tués et 15 disparus en une décennie. Stephania Rodríguez est la deuxième femme journaliste portée disparue après sa collègue du Michoacán María Esther Aguilar Cansimbe, dont on n’est sans nouvelles depuis le 11 novembre 2009.