Intimidations et attaques, le lot quotidien des médias en période électorale
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L'élection présidentielle qui se tient en ce moment au Libéria a ravivé les tensions entre les partis politiques des candidats et les médias. Le nombre d'attaques contre les journaux, stations de radio et chaînes de télévision connaît une dangereuse recrudescence depuis le premier tour, le 11 octobre 2011. Reporters sans frontières exprime son inquiétude suite à cette série de violences et d’intimidations.
"La situation des médias et des journalistes s’est fortement dégradée depuis le premier tour de l’élection présidentielle, a déploré Reporters sans frontières. Selon plusieurs témoignages, les journalistes travaillent dans la peur. Ce climat doit impérativement cesser afin que le second tour, prévu le 8 novembre, se déroule normalement. Nous demandons aux autorités d’assurer les conditions nécessaires au bon fonctionnement de la presse qui, rappelons-le, joue un rôle crucial en période électorale. Nous demandons également aux candidats d’appeler leurs supporters et militants au calme et au respect des opinions."
“Nous soutenons la signature, le 17 octobre, par la police et différents partis politiques d’un mémorandum interdisant les intimidations et attaques physiques contre des journalistes”, a ajouté Reporters sans frontières. Celui-ci a été officiellement rejeté par le Congress for Democratic Change (CDC), principal parti d’opposition, qui l’a qualifié de "traquenard".
Le 17 octobre 2011 à 3 heures du matin, la station Love FM and TV, à Monrovia, a été volontairement visée par un cocktail Molotov qui a endommagé ses installations. Love FM and TV, toutes deux considérées comme favorables au Congress for Democratic Change (CDC), principal parti d'opposition dirigé par Winston Tubman, n'ont pas pu diffuser leurs programmes pendant plusieurs heures avant de reprendre un service normal. Selon le directeur de l'information du groupe Love Media, auquel appartient Love FM and TV, M. Jallah Griefield, la station avait reçu plusieurs menaces par textos pour ses positions pro-CDC. Un suspect est en garde a vue depuis le 18 octobre.
Plusieurs journalistes de la radio Truth FM ont été victimes d’intimidations par des personnes non identifiées. Le présentateur Patrick Honnah a notamment reçu plusieurs appels téléphoniques et textos de menace. Truth FM est considérée par les partis d'opposition comme une radio pro-gouvernementale.
Ce climat fait suite à des incidents similaires ayant eu lieu pendant la campagne. Boima J.V. Boima, journaliste du quotidien New Democrat, avait reçu l'ordre, le 12 septembre 2011, par le CDC d'effacer des photos prises au Nord du pays pendant leur tournée de campagne. Les photos montraient un homme heurté par une voiture de la CDC. Le chauffeur s'était enfui et avait laissé la personne sur les lieux inconsciente. Des officiels de la CDC avaient également ordonné peu de temps auparavant à son collègue Peter Toby, d'effacer des photos montrant un homme frappé à la tête à coup de bouteille pendant les primaires du parti dans le comté de Montserrado. Reporters sans frontières dénonce des pratiques inacceptables.
Photo de la station Love FM and TV (Glenna Gordon / AFP )
Publié le
Updated on
20.01.2016