Interview d'Andrew Meldrum par Reporters sans frontières

Journaliste au Guardian, Andrew Meldrum a été expulsé du Zimbabwe le vendredi 16 mai. Il a déclaré "il est évident que j'ai été choisi comme symbole par les autorités. Elles ont voulu m'emprisonner pour envoyer un message d'intimidation à la presse étrangère et nationale". Meldrum insiste sur le fait que son départ était un "enlèvement" et non une déportation puisque, en dépit d'une décision de la Haute Cour interdisant son expulsion immédiate, il a été embarqué illégalement sur un vol vers Londres. "Ils ont rendu mon enlèvement aussi effrayant que possible, sans me nuire réellement, car étant citoyen américain, j'ai un certain avantage. J'ai été la cible d'une campagne de diabolisation dans la presse zimbabwéenne. L'année dernière, j'ai été cité dans des articles une dizaine de fois, avec des titres tels que 'Meldrum est un escroc'. Les ministres l'ont fréquemment attaqué le traitant même de "terroriste", en particulier le ministre de l'Information, Jonathon Moyo, que Meldrum a décrit comme particulièrement "vindicatif". Meldrum craint que les choses n'empirent après son départ. "Maintenant ils pourront contrôler les choses plus facilement. Je prévois une recrudescence d'actions judiciaires contre la presse et les journaux luttent pour trouver des fonds légaux. Il existe des fonds pour la défense de médias, mais ils s'épuisent très vite. Beaucoup de gens ont été arrêtés et condamnés en vertu de la nouvelle loi sur la presse, mais jusqu'ici aucun cas n'a pu être prouvé", a-t-il dit. Mais, a-t-il ajouté, "ils ont renvoyé beaucoup de juges de la Haute Cour. " "Il y a eu soixante-trois condamnations contre des journalistes et des rédacteurs en chef zimbabwéens au cours de la dernière année", a-t-il dit. "Plusieurs personnes ont eu plus d'une condamnation." Il craint également qu'un grand nombre de personnes ne puissent plus exercer leur activité journalistique à cause de la loi sur la presse. Meldrum, qui a travaillé au Zimbabwe pendant vingt-trois ans, insiste sur le fait qu'il a toujours rapporté les faits sans rien occulter. "Si j'avais dû pratiquer l'autocensure, cela aurait été contraire à la raison de ma présence là-bas" a-t-il dit.
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Updated on 20.01.2016