Internet bélarusse: les autorités serrent la vis
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Reporters sans frontières dénonce la loi n°317-3 qui entre en vigueur le 6 janvier 2012 au Bélarus, et entérine la surveillance du Net dans ce pays connu pour être la dernière dictature d’Europe.
“La loi n°317-3 renforce le dispositif de contrôle du Net au Bélarus, en y ajoutant un arsenal répressif. L’embrigadement des fournisseurs d’accès Internet (FAI) et des cybercafés dans la surveillance des citoyens, ainsi que la possibilité pour les autorités d’ordonner le blocage de tout site réputé ‘extrémiste’, figuraient parmi les principales caractéristiques du décret n°60 de février 2010. La nouvelle loi vise à prévoir des sanctions pour ceux qui violeraient ces dispositions. Le renforcement de la censure est symptomatique d’un réflexe de survie d’un pouvoir fragilisé depuis les troubles qui ont marqué, en décembre 2010, la réélection contestée du président Loukachenko”, a déclaré Reporters sans frontières.
L’obligation faite aux propriétaires de cybercafés et aux autres “personnes responsables d’un point d’utilisation collective” d’Internet (y compris, par exemple, dans un immeuble en copropriété) de surveiller les internautes, est réaffirmée. Ceux qui n’assureraient pas l’enregistrement des données personnelles des usagers s’exposeront à une peine d’amende allant jusqu’à une centaine d’euros. En vertu du décret n°60, chaque usager se connectant depuis un cybercafé ou via une connexion partagée doit décliner son identité. Les historiques de navigation sont impérativement conservés pendant un an.
Si les entités non commerciales ne semblent pas directement concernées par l’aspect de la loi qui impose aux sites de sociétés bélarusses d’être hébergés ou dûment enregistrés au Bélarus, les autorités restent libres d’établir une liste de sites interdits, dont l’accès doit être bloqué par les FAI sous 24 heures dans les institutions officielles et les établissements scolaires et culturels. Les propriétaires de cybercafés et autres gestionnaires d’accès collectif doivent aussi s’assurer du blocage de ces sites.
La “liste noire” des sites interdits est communiquée par l’Inspection d’Etat des communications électroniques (BSECI), sur la base des décisions de plusieurs institutions telles que le Centre opérationnel et analytique (OAC), organe directement rattaché à la présidence. Parmi les critères pouvant entraîner l’interdiction d’un contenu, la pornographie, l’apologie de la violence, mais aussi celui, bien plus vague, d’“extrémisme”, qui conduit aisément à un surblocage et à la fermeture de sites d’opposition. Des sites d’information majeurs tels que Charter97, Belaruspartisan, ou le blog de l’humoriste Yauhen Lipkovich sont d’ores et déjà inclus dans cette liste noire.
Le site d’informations d’opposition Charter97, justement, a été la cible d’une série d’attaques DDoS sans précédent le 29 décembre dernier. Des hackers se sont également procuré les mots de passe des administrateurs et ont commencé à détruire les archives du site tout en publiant des contenus provocateurs. La directrice du site, Natalia Radzina, avait été obligée de fuir le pays au début de l’année 2011 suite à une vague de répression sans précédent. D’après elle, les messageries d’Andrey Sannikau, co-fondateur du site, et de son épouse, la journaliste Irina Khalip, auraient également été piratées. La mort suspecte du fondateur de Charter97, Oleg Bebenine, retrouvé pendu chez lui le 3 septembre 2010, n’a jamais été éclaircie, la justice ayant rapidement conclu à un suicide.
Le Bélarus fait partie de la liste des Pays sous surveillance établie par Reporters sans frontières dans son rapport annuel des Ennemis d’Internet, et situe à la 154ème place sur 178 pays dans le classement 2010 de la liberté de la presse.
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Publié le
Updated on
20.01.2016