La peine de six des internautes de Zarzis, de jeunes Tunisiens accusés d'avoir utilisé Internet pour préparer des attentats terroristes, a été réduite en appel de 19 ans et trois mois à 13 ans de prison. Cette condamnation est basée uniquement sur des aveux extorqués sous la pression et ne repose sur aucune preuve tangible.
La peine de six des internautes de Zarzis, de jeunes Tunisiens accusés d'avoir utilisé Internet pour préparer des attentats terroristes, a été réduite en appel de 19 ans et trois mois à 13 ans de prison. Cette condamnation est basée uniquement sur des aveux extorqués sous la pression et ne repose sur aucune preuve tangible.
Reporters sans frontières attend de la Cour de cassation qu'elle revienne sur ce jugement inique. "Le dossier d'accusation des jeunes de Zarzis est bien trop mince pour justifier une peine aussi lourde. Au cours du procès, leur utilisation d'Internet a servi à étayer des condamnations sans fondement. Nous appelons les gouvernements français, suédois et allemand à réagir fermement à ces condamnations, qui touchent des ressortissants ou des personnes résidant sur leur sol", a déclaré l'organisation.
Hamza Mahrouk (21 ans), Amor Farouk Chlendi (21 ans), Amor Rached (21 ans), Abdel-Ghaffar Guiza (21 ans), Aymen Mecharek (22 ans) - de citoyenneté allemande et tunisienne - et Ridha Hadj Brahim (38 ans) ont vu leurs peines réduites de 19 ans et trois mois à 13 ans de prison. Les condamnations à 26 ans de prison prononcées par contumace contre Ayoub Sfaxi (21 ans), résidant en France et Tahar Guemir (20 ans), citoyen suédois et tunisien résidant en Suède, ont quant à elles été maintenues. Ces huit personnes avaient été jugées en première instance le 6 avril 2004. Le dernier membre du groupe de Zarzis, Abderrazak Bourguiba (18 ans), condamné à 25 mois de prison le 16 avril 2004 par un tribunal pour mineurs, sera jugé séparément en appel.
Le groupe de Zarzis a été dénommé lors du procès "les brigades du prophète". Ayoub Sfaxi affirme pourtant n'avoir jamais entendu parler de ce nom, qui est selon lui une invention des autorités. Il explique ensuite qu'aucun de ses amis n'a pénétré dans l'enceinte de leur lycée, à Zarzis, pour y dérober des produits chimiques, comme l'indique l'acte d'accusation. Le dossier tente d'étayer la thèse d'un complot terroriste fomenté par des islamistes proches d'Al-Qaida. Le gouvernement tunisien espère ainsi éviter des réactions trop vives de la communauté internationale. Pourtant, ni l'appartenance des jeunes internautes à un réseau islamiste, ni leur volonté d'organiser des attentats n'ont été démontrées lors du procès. Aymen Mecharek, le ressortissant allemand, est par exemple accusé d'avoir tenté de ramener en Tunisie un bazooka, sans qu'aucun indice ne vienne appuyer cette supposition fantaisiste. Les condamnations reposent intégralement sur des aveux signés par les jeunes internautes. Cependant, selon leurs avocats, ces aveux n'ont aucune valeur car ils ont été extorqués sous la torture. Ces derniers ont annoncé leur pourvoi en cassation.
La condamnation en première instance des Internautes de Zarzis n'avait suscité aucune réaction officielle des gouvernements français, allemand et suédois. Selon des chiffres de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT), cités par le magazine en ligne Management & Nouvelles Technologies, l'activité touristique a progressé de 19% en 2004 (de janvier à juin) par rapport à la même période l'année dernière, notamment dans la région de Zarzis
(+ 28 %). Près de 1 million de touristes européens sont entrés sur le territoire tunisien cette année, dont plus 160 000 Allemands.