Interdiction, formation, censure : le gouvernement renforce son contrôle sur les médias

Le gouvernement a annoncé des mesures visant à renforcer son contrôle sur les médias nationaux, notamment l’instauration d’un examen national pour les étudiants en journalisme, qui pourraient se voir imposer l’étude approfondie de l’idéologie marxiste à l’université. Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude face à de telles mesures qui révèlent une politique de “contrôle à la source” voire d’”endoctrinement”. “Pour les autorités de Pékin, les libertés de l’information et d’opinion sont l’ennemi du Parti. En s’appuyant sur des affaires de corruption, dont certaines ne sont pas avérées, le gouvernement affirme vouloir remettre les médias dans le droit chemin et lui rappeler son rôle de moteur du ‘progrès social’ . Il serait préférable que le Parti s’occupe de régler ses propres problèmes de corruption interne. La généralisation de la corruption à tous les niveaux du pouvoir constitue l’un des principaux facteurs de propagation de la corruption dans la sphère médiatique”, a déclaré l’organisation. “Les méthodes de contrôle abusif employées par le gouvernement sont non seulement liberticides mais aussi contre-productive. Ce n’est pas en imposant l’enseignement du marxisme ou des ‘standards idéologiques’ de journalisme, que l’éthique sera rétablie ou que l’ordre social et l’image du Parti s’en trouveront améliorés”, a ajouté Reporters sans frontières. Cet “examen national” des journalistes, à l’issue duquel ces derniers seront de nouveau déclarés ou non aptes à couvrir l’actualité, existe depuis 2003, mais sa nouvelle version semble plus stricte. En septembre dernier, l’Administration générale de la presse des publications, de la radio, des films et de la télévision a donc demandé à tous les organes médiatiques de mettre en place des formations afin de préparer les journalistes à cet examen. Le prochain examen, dont dépend le renouvellement de 250 000 cartes de presse, se déroulera entre janvier et février 2014. Il se diviséera en six thèmes : le socialisme à la chinoise, la vision marxiste du journalisme, l’éthique journalistique, la régulation du journalisme, les règles de traitement de l’information, et la lutte contre les rumeurs. Pour le gouvernement, l’objectif ultime de cette mesure est de mettre fin à la corruption endémique qui règne dans la profession. C’est sous ce prétexte qu’on été arrêtés le 12 décembre dernier Xiong Xiong et de Yang Kairan, respectivement rédacteurs en chef du supplément du Beijing Youth Daily, le Digital Age et de la section automobile de Jinghua Times. Les deux hommes sont accusés d’avoir touché des pots de vin d’un montant avoisinant les dix milles Yuan (RMB) de la part d’entreprises privées. Quelques semaines auparavant, c’est le journaliste du Xin Kuai Bao Zhen Yongzhou, qui avait confessé à la télévision avoir touché des pots de vin pour exposer publiquement les fraudes comptables de l’entreprise semi publique, Zoomlion. La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, se place au 173ème rang sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation.
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Updated on 20.01.2016