Alors que les négociations entre les différents acteurs libyens se poursuivent sous l’égide de l’ONU depuis le début de l’année 2015, dans l’objectif d’obtenir un accord d’unité nationale, de violents combats continuent d’éclater quotidiennement sur le territoire libyen. Dans cette atmosphère chaotique, les journalistes, menacés et de plus en plus contraints à l’exil, payent le prix fort. Informer en Libye reste un métier à très haut risque.
En octobre 2014, Reporters sans frontières (RSF) lançait sa campagne de sensibilisation
“Plus de nouvelles de la Libye, il a pourtant essayé de vous en donner”. Depuis, le nombre d’exactions commises à l’encontre des acteurs de l’information n’a cessé d’augmenter. RSF condamne avec la plus grande fermeté ses attaques.
“
L’insécurité totale dans laquelle vivent aujourd’hui les journalistes en Libye rend leur métier pratiquement impossible, causant un exode massif des acteurs de l’information vers les pays voisins, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.
Cette situation est des plus inquiétantesquand on sait le rôle essentiel des médias dans les zones de conflit. La sécurité des journalistes doit être une priorité absolue pour les acteurs nationaux et internationaux en Libye”.
Assassinats sauvages de journalistes
En novembre dernier,
Mohamed Bettou,
Mohamed El Messmari et
Siraj Ghatess, blogueurs et activistes ont été retrouvés égorgés à Darna. Cette ville de l’est libyen, qui reste contrôlée par des milices religieuses extrémistes, est considérée comme l’une des plus dangereuses pour les acteurs de l’information.
Enlevé à la mi-décembre à Tripoli,
Mohamed Hawess, journaliste et ancien animateur de la chaîne libyenne
Libya Likoule El ahrare, a été relâché trois jours plus tard lors d’une opération d’échanges de prisonniers.
La tentative d’assassinat à Darna du caméraman
Salem Al Husadi, en octobre dernier, a contraint le journaliste à fuir son pays depuis quelques semaines.
Exode massif de journalistes
Depuis novembre, RSF a recensé de nombreux cas d’exil forcé de journalistes.
Sirine El Amari, ancienne correspondante de
France 24 à Tripoli, s’est vu plusieurs fois convoquée par les autorités libyennes de Tripoli, pour s’expliquer sur ses reportages. Menacée à plusieurs reprises par la suite, Sirine a finalement choisi de fuir la Libye en novembre dernier.
C’est aussi le cas du dessinateur de presse,
Nizar Siala, exilé suite aux menaces de mort qu’il a reçues pour avoir publié une caricature montrant la destruction du patrimoine culturel libyen à Tripoli.
Suite à l’acte de vandalisme qui a détruit sa maison, le journaliste
Naim Laachibi,ancien correspondant d'
Al-Jazeera, a dû pour sa part, fuir Benghazi en février dernier.
Pour rappel, la Libye est 154 ème au
Classement mondial de la liberté de la presse de 2015.