« Indépendance et pluralisme doivent rester au cœur de tout système de régulation des médias »
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A la suite de l’annonce des résultats de l’enquête supervisée par le juge Brian Leveson sur les pratiques de la presse britannique, Reporters sans frontières rappelle que toute réforme du système de régulation des médias doit être menée avec la plus grande prudence pour garantir la liberté de l’information.
« Dès lors qu'elle protège la liberté de l’information, le respect de la loi s’impose aux journalistes comme aux autres citoyens. S'agissant de la déontologie, l’auto-régulation des médias est la solution préférable. Les agissements illégaux constatés par l’enquête du juge Leveson ne sauraient selon nous remettre en cause ce principe. L’établissement d’un organe de régulation statutaire, s'il est engagé, doit être fondé sur des conditions strictes en termes d’indépendance et de pluralisme », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
« Si le Royaume-Uni fait le choix d’un tel système, les plus grandes précautions devront être mises en œuvre pour éviter de potentielles dérives vers un contrôle de l’Etat sur la presse. Nous jugerons la composition et les pouvoirs de la nouvelle institution, de même que le mode de nomination de ses membres, à l’aune de leur capacité à prévenir ce risque. Il est hors de question d’adopter le ‘modèle’ du Conseil des médias hongrois, dont tous les membres appartiennent au parti au pouvoir et qui dispose de pouvoirs normatifs et répressifs extrêmement étendus. De ce point de vue, la possibilité évoquée dans le rapport Leveson, que l’organisme de régulation soit habilité à infliger des amendes allant jusqu’à 1 million de livres (1,2 million d’euros), est très inquiétante et doit impérativement être écartée. »
« Maintenant que le constat a été posé, le temps du dialogue doit s’ouvrir. Journalistes et défenseurs de la liberté d’expression doivent être placés au centre de la concertation : aucun système de régulation des médias ne pourrait fonctionner de manière efficace sans l’assentiment de la profession. Le législateur devra donc s’armer de patience et de prudence avant de rendre ses conclusions définitives. C’est à ce prix que sera garantie la liberté de l’information, qui n’est pas le privilège des journalistes, mais une condition du respect de toutes les autres libertés. Pour le plus grand bénéfice de tous les citoyens ».
« Du fait de la réputation internationale des médias britanniques, les autorités ont une responsabilité non seulement devant les citoyens du Royaume-Uni, mais aussi devant le reste du monde. Tout glissement vers un système assurant à l’Etat un contrôle sur la presse constituerait un très mauvais signe adressé aux gouvernements autoritaires. Nous resterons extrêmement vigilants quant aux conclusions de ce débat », a conclu Christophe Deloire.
Le 29 novembre 2012, la commission dirigée par le juge Brian Leveson a remis son rapport, au terme de huit mois d’une enquête déclenchée par le scandale des écoutes téléphoniques réalisées par des journalistes du tabloïd britannique News of the World. Le rapport promeut la création d’une instance de régulation des médias indépendante, mais le premier ministre David Cameron s’y est dit opposé.
(Photo: Dan Kitwood / Pool / AFP)
Publié le
Updated on
20.01.2016