Inculpation d'une vingtième personne dans l'affaire Hrant Dink

Osman Hayal, le frère aîné du commanditaire présumé de l'assassinat du journaliste turc d'origine arménienne, Hrant Dink, a été inculpé de "complicité " dans l'homicide de ce dernier ainsi que d' "appartenance à une organisation terroriste". C'est la vingtième personne poursuivie dans ce dossier. Osman Hayal risque la prison à perpétuité pour le premier chef d'inculpation et jusqu'à quinze ans pour le second. Il est soupçonné d'avoir accompagné à Istanbul et facilité la fuite d'Ogun Samast, auteur des coup de feu ayant coûté la vie à Hrant Dink. Interrogé en 2007 après l'assassinat du journaliste, Osman Hayal avait toujours nié sa présence à Istanbul le jour de l'attentat. Mais en août dernier, il avait été placé en détention après que ses relevés téléphoniques ont démontré qu'il se trouvait bien à Istanbul, le 19 janvier 2007, jour de l'assassinat. Osman Hayal a été entendu le 13 octobre 2008, lors de la dernière audience dans le procès des assassins présumés de Hrant Dink. Il a reconnu du bout des lèvres, devant la 14e chambre de la cour d'assises, avoir été à Istanbul, "puisque (son) portable émettait un signal depuis le quartier d'Umraniye ". Il aurait menti de peur d'être inquiété et a affirmé ne pas avoir quitté le chantier de son oncle maternel, sur la rive asiatique de la ville. Toutefois, la police affirme disposer d'un témoin, dont l'identité n'a pas été révélée, qui affirme qu'Osman Hayal était bien sur les lieux de l'assassinat, avenue Halaskargazi, dans le district de Sisli, et qu'il accompagnait le tireur, Ogun Samast. La prochaine audience est fixée au 26 janvier 2009. Près de deux ans après les faits, toutes les responsabilités dans ce crime n'ont toujours pas été établies. ----------------------------------------------------------- 17.10.2008 Affaire Hrant Dink : deux policiers refusent de coopérer lors de la réouverture du procès Le 13 octobre 2008, le procès des suspects dans l'assassinat du journaliste d'origine arménienne, Hrant Dink, s'est rouvert devant la 14e chambre de la cour d'assises d'Istanbul. Le tireur, Ogün Samast, n'a pas été transféré de la prison au tribunal pour raisons de santé. Un témoin a confirmé que le journaliste avait reçu des menaces avant son assassinat. Deux policiers, entendus en tant que témoins, ont fait preuve d'un manque flagrant de collaboration, refusant de répondre aux questions de la cour. Par ailleurs, le tribunal a refusé d'étudier à nouveau un rapport secret du service du renseignement général sur les liens entre la police de Trabzon et les commanditaires présumés. Lors de l'audience, le témoignage de Mithat Alkan, concierge de l'immeuble où résidait Hrant Dink, a confirmé que le journaliste avait reçu des menaces quelques mois avant son assassinat. “Deux personnes cagoulées et armées ont sonné à l'entrée. Lorsque j'ai ouvert, ils se sont présentés comme des policiers. Lorsque j'ai protesté en leur demandant comment je pouvais en être certain, l'un d'eux m'a montré son arme. Il m'a demandé combien Hrant Dink avait d'enfants et où ils vivaient”, a déclaré le témoin. Alors que les deux hommes s'en allaient, ils ont prévenu le concierge : “Qu'il fasse attention à lui ! On reviendra !” Entendus en tant que témoins, Ercan Demir et Engin Dinç, deux anciens agents de renseignements de Trabzon, ont affirmé que dans les mois précédant l'assassinat de Hrant Dink, ils avaient peu à peu cessé de collaborer avec Erhan Tuncel, l'un des commanditaires présumés. Ils affirment avoir coupé définitivement les liens avec lui le 23 novembre 2006, car il le jugeaient “peu fiable” et parce qu'il “inventait des informations pour se faire payer”. Les avocats de Hrant Dink ont accusé les deux policiers d'avoir sous-estimé les menaces qui pesaient sur la vie du journaliste. Mais ces derniers ont affirmé avoir fait le nécessaire en avertissant la police d'Istanbul et la direction générale du renseignement d'Ankara, suite aux alertes données par Erhan Tuncel. A maintes reprises, les policiers ont esquivé les questions en rétorquant notamment “Veuillez vérifiez dans les dossiers”, “Cela fait deux ans, je ne m'en souviens pas” ou encore “Je ne peux pas répondre à cette question”. Ils se sont également défendus en indiquant qu'il leur était difficile d'obtenir des informations, puisque Erhan Tuncel ne leur semblait plus fiable. Par ailleurs, à la demande des avocats de la famille Dink, Ramazan Akyürek, le chef du service du renseignement général, a fourni au tribunal un rapport secret sur les relations entre la police de Trabzon et les deux commanditaires présumés, Erhan Tuncel et Yasin Hayal. La collaboration avec le premier aurait débuté le 17 novembre 2004 afin de contrôler les mouvements du second et de surveiller ainsi les mouvances islamistes dans la région de la mer Noire. Parvenu au tribunal le 22 avril dernier, ce rapport de 90 pages présente un compte rendu du statut de Erhan Tuncel au sein de la police de Trabzon, des rapports relatifs à sa surveillance et à ses activités. Ce rapport a été étudié par un juge du tribunal d'Istanbul, en l'absence des avocats. Le juge a estimé que ce rapport contenait “des affirmations susceptibles de porter atteinte à l'unité nationale et aux droits des personnes”. A l'issue de l'audience du 13 octobre 2008, le tribunal a rejeté la demande des avocats de la famille Dink qui réclamaient que le rapport envoyé par Akyürek soit à nouveau examiné, mais cette fois en présence des avocats. “En nous tenant éloignés de ce rapport, nous ne pouvons pas aboutir à la vérité”, ont déclaré les avocats. Enfin, à la demande des avocats, le tribunal a accepté d'entendre à nouveau, mais cette fois en leur présence, la déposition de deux policiers, Metim Gündogdu et Muhittin Zenit, qui avaient été les premiers à entrer en contact avec Ehran Tuncel. La cour attend également l'examen de certaines conversations téléphoniques entre les accusés. Les huit suspects, incarcérés depuis 21 mois (Ogün Samast, Ehran Tuncel, Yasin Hayal, Zeynel Abidin Yavuz, Ersin Yolcu, Ahmet Iskender, Tuncay Uzundal et Mustafa Öztürk) resteront en prison jusqu'au 26 janvier 2009, date de la prochaine audience. Le 26 septembre 2008, la deuxième chambre du tribunal de police de Trabzon a décidé de renvoyer devant les assises deux gendarmes, Okan Simsek et Veysel Sahin, accusés d'avoir négligé de prendre des mesures pour prévenir l'assassinat de Hrant Dink. Ergin Cinmen, un des avocats de la famille Dink, s'est félicité de cette décision : “La Cour a compris qu'il ne s'agit pas seulement d'un acte de négligence, mais que cet acte de négligence a conduit à un assassinat.”
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Updated on 20.01.2016