Hong Kong : le gouvernement introduit l’arbitraire dans sa politique d’accréditation des médias
Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement de Hong Kong à revenir sur sa politique d'accréditation de la presse qui ne reconnaît que les titres « internationalement reconnus » et exclut de fait les médias et les journalistes indépendants.
Dans un communiqué publié fin septembre, huit organisations professionnelles des médias dont l'Association des journalistes de Hong Kong (HKJA) ont dénoncé la nouvelle politique d'accréditation annoncée le jour même par le gouvernement, qui ne prend en compte que les titres de presse « internationalement reconnus », sans préciser sur quelle définition elle se base, et en vertu de laquelle certains médias et journalistes indépendants ne pourront plus accéder aux points presse officiels et aux zones d'accès restreint.
« Cette politique discriminatoire, qui pourrait permettre au gouvernement de priver arbitrairement d’accréditation les médias qui lui déplaisent, est une nouvelle attaque envers la liberté de la presse et envers la Loi fondamentale dans laquelle elle est inscrite, dénonce le directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, Cédric Alviani. « De plus, certains reporters indépendants couvrant des événements interdits ou violents risquent, en cas d’arrestation, de se voir refuser la qualité de journalistes et d’être tenus pour responsables d’événements dont ils ne sont en fait que le témoin. »
Depuis le 30 juin, la région administrative spéciale de Hong Kong se voit imposer une loi sur la sécurité nationale qui permet au régime de Pékin d’intervenir directement dans le territoire pour réprimer avec une apparence de légalité tout ce qu’il considère comme relevant du « terrorisme », de la « sécession », de la « sédition » et de l’« interférence étrangère ». Ces quatre crimes sont en Chine passibles de la peine de mort et fréquemment instrumentalisés contre les journalistes.
Hong Kong, autrefois bastion de la liberté de la presse, a chuté du 18e rang en 2002 au 80e rang en 2020 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.