Hong Kong: la loi anti-masques menace les journalistes
La loi anti-masques entrée en vigueur samedi dernier à Hong Kong porte atteinte au droit des journalistes à se protéger, dénonce Reporters sans frontières (RSF).
L’interdiction de se couvrir le visage a été proclamée samedi 4 octobre en vertu d’une loi d’urgence datant de l’époque coloniale et est entrée en vigueur en dépit de nombreuses critiques. Selon l'Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), les journalistes portant un masque de protection risquent d’être arrêtés, détenus et poursuivis en justice, bien qu’ils puissent se défendre en invoquant des raisons professionnelles. Des images de reporters contraints par la police de retirer leurs masques à gaz ont déjà été diffusées sur les réseaux sociaux.
« Depuis quatre mois, les journalistes à Hong Kong sont exposés à des doses massives de gaz lacrymogène, de gaz poivré et de fumées toxiques qui menacent directement leur santé, rappelle Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui enjoint les autorités hongkongaises à « faire en sorte que les journalistes soient formellement exemptés de l'interdiction et libres de se protéger durant leurs reportages. »
Officiellement présentée comme une réponse aux violences qui ont émaillé les manifestations pro-démocratie de ces dernières semaines, l’interdiction concerne la dissimulation partielle ou totale du visage, y compris à l’aide de peinture, et s’applique à tout rassemblement autorisé ou non.
Depuis le début des manifestations en juin, les journalistes travaillent à Hong Kong sous une très forte pression et beaucoup d'entre eux ont été victimes de violences. Face à ces attaques, RSF avait interpellé la cheffe de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam, dans une lettre ouverte qui n’a reçu qu’une réponse empreinte de langue de bois et dépourvue de tout engagement.
Dans le classement RSF de la liberté de la presse, la région administrative spéciale de Hong Kong a chuté du 18e rang en 2002 à la 73e place cette année.