Hong Kong : deux journalistes risquent une lourde peine de prison pour avoir couvert l’occupation du Conseil législatif

Reporters sans frontières (RSF) appelle l’exécutif hongkongais à abandonner l’accusation absurde de « participation à une émeute » contre deux journalistes qui avaient couvert l’occupation des locaux du Conseil législatif.

Le 10 juin, près d'un an après l'occupation des locaux du Conseil législatif de Hong Kong (LegCo) durant une manifestation pro-démocratie, deux journalistes présents sur les lieux sont désormais poursuivis pour le crime de « participation à une émeute », passible en théorie de 10 ans de prison mais dont le maximum est ramené à sept ans quand il est jugé par une cour intermédiaire, comme c’est le cas dans ce dossier.


Ma Kai-chung, journaliste pour le média en ligne Passion Times et Wong Ka-ho, rédacteur en chef adjoint du journal étudiant de l'Université de Hong Kong, qui comparaîtront en août aux côtés de 12 manifestants, étaient initialement accusés du seul délit d’« intrusion et présence illégale dans des locaux du Conseil législatif », passible de trois mois de prison.


« Ces deux journalistes ne faisaient rien d’autre que leur travail en documentant l'occupation du Conseil législatif et n’auraient jamais dû être inquiétés, encore moins accusés d’un crime passible de dix ans de prison”, s’insurge Cédric Alviani, chef du bureau Asie de l'Est de RSF, qui appelle l’exécutif hongkongais à « abandonner ces poursuites absurdes et à rétablir le plein exercice de la liberté de la presse dans le territoire. »


Le 1er juillet 2019, date du 22e anniversaire de la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine, un petit groupe de manifestants s’était introduit dans le bâtiment du Conseil législatif au soir d’une manifestation durant laquelle plus d'un demi-million de résidents avaient réclamé l’abandon du projet de loi qui aurait permis les extraditions vers la Chine.


Selon l’Association des journalistes de Hong Kong (HKJA), le territoire a connu en 2019 une chute sans précédent de la liberté de la presse en grande partie causée par les violences policières. En juillet dernier, RSF avait soulevé le problème dans une lettre adressée à la cheffe de l’exécutif Carrie Lam et avait reçu de sa part une réponse que le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, avait alors qualifiée « empreinte de langue de bois »


Hong Kong a chuté du 18e rang en 2002 au 80e cette année dans le Classement RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.

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Mise à jour le 24.06.2020