Après une série d'articles controversés, l'hebdomadaire indépendant Umuseso est menacé de fermeture provisoire et l'un de ses journalistes a été poussé à l'exil. Alertée à plusieurs reprises par le harcèlement dont font l'objet les journalistes critiques du pouvoir, Reporters sans frontières s'inquiète de la détérioration de la liberté de la presse au Rwanda.
L'hebdomadaire indépendant Umuseso, qui a déjà été la cible d'arrestations et de saisies arbitraires, est aujourd'hui menacé par une mesure de fermeture provisoire pour avoir refusé de révéler ses sources et l'un de ses journalistes a été poussé à l'exil.
« Le régime a beau mettre en avant son engagement en faveur d'une presse libre et pluraliste, la réalité est tout autre, a déclaré Reporters sans frontières. Le refus de révéler ses sources ne doit pas valoir à Umuseso de faire l'objet d'une mesure de fermeture, fût-elle provisoire. D'autre part, si le gouvernement de Paul Kagame veut continuer de se prévaloir de son attachement à la liberté d'informer, il doit garantir aux journalistes qu'ils peuvent tout simplement exercer leur métier en toute sécurité. »
Le 18 août, le Haut Conseil de la presse (HCP) du Rwanda, saisi par le ministre de l'Information, avait exigé du directeur d'Umuseso qu'il « reconnaisse ses fautes », publie des rectificatifs et révèle les sources de ses informations, après une série d'articles controversés qui accusaient le vice-président de l'Assemblée de manœuvrer pour prendre le pouvoir. Devant le refus de l'équipe dirigeante d'Umuseso, le 13 septembre, le HCP a officiellement demandé au ministère de l'Information la suspension de l'autorisation de paraître du journal pour une période de quatre mois. Le ministère de l'Information doit maintenant se prononcer.
Parallèlement, le journaliste d'Umuseso Tharcisse Semana, l'un des auteurs des articles controversés, a fui le Rwanda, le 26 août, pour échapper à de mystérieux poursuivants et à des actes d'intimidation répétés. Dans la journée et la soirée du 25 août, selon son témoignage recueilli par Reporters sans frontières, le journaliste a été traqué par plusieurs inconnus, qui ont d'abord tenté en vain de lui voler un document compromettant pour un haut responsable du régime, puis l'ont physiquement menacé. Dans le courant de la nuit, Tharcisse Semana est parvenu à organiser sa fuite hors du pays. Aujourd'hui réfugié en Ouganda, il craint pour sa vie s'il devait rentrer dans son pays.
Déjà menacé pour sa couverture du procès de l'ancien président hutu Pasteur Bizimungu, Tharcisse Semana a assuré à Reporters sans frontières que, à compter de cette date et jusqu'à sa fuite en Ouganda, il n'avait « jamais dormi deux soirs au même endroit ».