Harcèlement contre les médias : l'inquiétude croît au Zimbabwe

Le gouvernement de Robert Mugabe semble durcir le ton à l'encontre des médias au Zimbabwe, comme en témoignent le récent raid d'un radio communautaire par la police ainsi que la condamnation à de la prison d'un journaliste. Depuis quelques semaines, le climat s'assombrit pour les médias zimbabwéens. En l’espace d’une semaine, la radio communautaire Wezhira a été perquisitionnée et le journaliste Patrick Chitongo condamné à de la prison ferme, accusé d’avoir publié un journal sans autorisation. Un triste constat dans ce pays qui a enregistré 22 violations de la liberté de la presse en 2014 et dont le président est sur la liste des Prédateurs de la liberté de la presse de RSF. "Ces deux évènements sonnent comme un signal d'alarme pour la liberté des médias déjà fortement éprouvée dans le pays, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Les réactions des autorités et de la justice sont absolument disproportionnées face aux fautes reprochées à ces médias et au journaliste. En tant que président de l'Union africaine, Robert Mugabe doit montrer l'exemple et appliquer à son propre pays les principes de respect des engagements démocratiques de cette institution, parmi lesquels la liberté de la presse.” Le 29 juin, les policiers du commissariat de Masvingo (centre du pays) ont effectué un raid dans les locaux de la radio communautaire Wezhira, à la recherche de matériel de diffusion qui aurait servi à émettre illégalement. Quinze jours plus tôt, le producteur des programmes, Wilson Mapoa avait été interrogé pour la troisième fois par la police qui le soupçonne de diffuser sans licence. L'avocat du journaliste a bien expliqué que la demande de licence était en cours auprès de l'autorité des fréquences du Zimbabwe et que ces interrogatoires étaient illégaux dans la mesure où les policiers devraient s'adresser à la structure qui possède la radio, ce que les policiers refusent de faire. Selon Mapoa, la police aurait menacé de revenir saisir les équipements et fdde ermer la radio. Par ailleurs, les policiers s’intéressaient à l’origine du financement des équipements. Ce raid a lieu alors que la semaine dernière un journaliste freelance avait été condamné à huit mois de prison ferme, accusé d’avoir publié un journal sans licence. Patrick Chitongo a été condamné à 12 mois de prison, dont quatre avec sursis, pour avoir imprimé trois éditions d'un journal intitulé The Southern Mirror. Cette publication sans autorisation violerait l'article 72 de la loi sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée, qui interdit les publications non autorisées par la commission des médias du Zimbabwe. Selon le journaliste, il s'agissait d'exemplaires témoins destinés à être soumis à la commission des médias pour obtenir l'approbation de diffusions. Le journaliste a fait appel de sa sentence et son avocat a posté une demande de liberté sous caution. En attendant, le journaliste demeure derrière les barreaux. Le Zimbabwe occupe la 131ème place du Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Photo: AFP
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Updated on 20.01.2016