Héroine découverte sur un journaliste emprisonné : "Une nouvelle provocation de la part des autorités"

Eynulla Fatullayev, directeur de publication de l’hebdomadaire Realny Azerbaijan et du quotidien Gundelik Azerbaijan, qui purge une peine de huit ans de prison dans un établissement pénitentiaire de haute sécurité, encourt trois ans de détention supplémentaires à la suite de la découverte de 0,22 gramme d'héroïne dans les plis de ses vêtements. Un développement récent qui apparaît comme une nouvelle provocation de la part des autorités dans leur acharnement contre les journalistes d'opposition ou indépendants. "Les dirigeants azerbaïdjanais semblent prêts à tout pour conserver Eynulla Fatullayev derrière les barreaux. La plainte du journaliste contre l'Azerbaïdjan doit être prochainement examinée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) et, dans cette perspective, cette découverte est plus qu'opportune pour ceux qui s'opposent à la remise en liberté d'Eynulla Fatullayev", a déclaré Reporters sans frontières. "Il appartient au Président de donner un signal clair à l'administration, pour que cesse enfin le recours à des procédés qui ne trompent personne sur leur finalité et nuisent à l'image du pays ", a poursuivi l'organisation. Le 29 décembre 2009, 0,22 gramme d'héroïne auraient été découverts dans les vêtements d'Eynulla Fatullayev, lors d'une fouille de sa cellule, dans la colonie pénitentiaire n°12 (25 km de Bakou). En représailles, le journaliste a été transféré à l'isolement. Une enquête est en cours et, s'il est reconnu coupable de détention de stupéfiants, le journaliste pourrait encourir trois ans de prison supplémentaires. Le journaliste et son avocat ont porté plainte devant la CEDH, qui devait examiner l'affaire en novembre dernier. Le magistrat azerbaïdjanais ayant refusé de juger le dossier, un nouveau juge a été nommé par Bakou, le 3 décembre dernier. Il dispose de six semaines pour prendre connaissance du dossier, après quoi, le procès lui-même pourra commencer. Eynulla Fatullayev a été condamné, le 20 avril 2007, à trente mois de prison pour avoir “diffamé” et “insulté” les Azerbaïdjanais (article 147.2 du code pénal) dans des commentaires parus sur Internet et qui lui ont été attribués. Ces textes affirmaient que les forces armées azéries partageaient avec l’armée arménienne la responsabilité de la mort de centaines de victimes civiles lors de l’attaque du village de Khojali, dans le Haut-Karabagh, en 1992 par les troupes arméniennes. En juillet, les charges de "terrorisme" et d'"incitation à la haine raciale et religieuse" ont été ajoutées et Eynulla Fatullayev a été condamné à huit ans de privation de liberté. Eynulla Fatullayev est un journaliste respecté, ancien membre du magazine Monitor, dont le rédacteur en chef, Elmar Husseynov, a été assassiné en mars 2005. Realny Azerbaijan, quotidien en langue russe, était tiré à quelque 30 000 exemplaires chaque jour et réputé pour ses articles critiques à l’égard des autorités. Les deux titres fondés par le journaliste ont été fermés et de nombreux employés soumis à des pressions policières. Ce n'est pas la première fois que ce type d'accusation est utilisé contre un journaliste critique des autorités. En octobre 2006, Sakit Zahidov, écrivain et journaliste pour le plus grand quotidien d'opposition Azadlig, avait été condamné à trois ans de prison pour "possession de drogues", dans une affaire ayant tout d'un coup monté. Deux journalistes sont toujours emprisonnés en Azerbaïdjan. Eynulla Fatullayev et Ganimat Zahidov.
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Updated on 20.01.2016