Guatemala : l'audience de Jose Rubén Zamora reportée pour la sixième fois sur fond d’accusations internationales d'arbitraire, d'abus, de torture et de mauvais traitements

Dans le cadre du procès contre le fondateur du journal elPeriódico, Jose Rubén Zamora, les audiences prévues les 22 et 23 juillet 2024 ont été une nouvelle fois reportées. C'est la sixième fois que cela se produit au cours des derniers mois. Reporters sans frontières (RSF) demande au gouvernement du président Bernardo Arévalo et au président de la Cour suprême Oscar Cruz Oliva de s'élever contre cette série de manœuvres abusives qui prolongent cruellement et injustement la détention provisoire du journaliste.

La plainte de Ricardo Méndez Ruiz, directeur de l'organisation d'extrême droite guatémaltèque la Fondation contre le terrorisme (FCT), a conduit la juge Wendy Coloma à reporter les audiences dans l'affaire du journaliste Jose Rubén Zamora. Sans présenter de preuves, la FCT a lancé de graves accusations de collusion entre la juge et le journaliste pour qu'il soit libéré. La magistrate a nié les faits et a fait valoir que, pour éviter tout soupçon sur son impartialité, la plainte serait portée devant une juridiction supérieure. La manœuvre pourrait entraîner un retard de plusieurs mois dans la tenue de l'audience.

Depuis août 2022, l'affaire Jose Rubén Zamora a fait l'objet de multiples reports, ce qui témoigne d'une tendance à l'obstruction. La première audience, prévue le 1er août 2022, a été reportée parce que le juge n'avait pas reçu le dossier et que Jose Rubén Zamora n'avait pas été transféré au tribunal. Depuis lors, les excuses vont des conflits d'horaires à des problèmes de santé, ou encore à des demandes de récusation de juges.

"Les retards successifs des audiences dans les affaires intentées contre Jose Rubén Zamora prolongent cruellement sa détention arbitraire. Le pouvoir judiciaire ne peut pas continuer à avancer de manière apathique,  sans tenir compte du nombre croissant de plaintes émanant d'organisations internationales qui présentent des preuves de l'arbitraire, d'abus, de mauvais traitements et de torture. Nous appelons le gouvernement du président Bernardo Arévalo à faire preuve de volonté politique pour agir plus fermement dans cette affaire. Nous demandons également au président de la Cour suprême du Guatemala, Oscar Cruz Oliva, d'empêcher de nouveaux retards malveillants dans les audiences et dans la prise de décision des juridictions inférieures.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

L'avis adopté par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (UNWGAD), rendu public le 2 juillet, a confirmé le caractère “arbitraire” de la détention de Jose Rubén Zamora et a appelé à sa libération immédiate. Le texte détaille les motifs sérieux d’inquiétude dans l’affaire du journaliste et conclut que la “solution appropriée serait de le libérer immédiatement” et de le “dédommager”.

Le 18 juillet, l'équipe juridique internationale de Jose Rubén Zamora a saisi la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, demandant la protection du journaliste. Un rapport médical et psychologique indépendant a révélé que le journaliste avait subi des tortures, des menaces, des traitements inhumains et des humiliations pendant deux ans.

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et son bureau du rapporteur spécial pour la liberté d'expression (RELE) ont exhorté le Guatemala à résoudre la situation juridique de Jose Rubén Zamora conformément aux normes internationales et ont rappelé qu'il bénéficie de mesures de précaution depuis 2003.

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