Le 28 juillet, Gaston Bony, directeur de publication de l'hebdomadaire Le Venin, a été libéré pour raisons médicales. Mais le journaliste serait menacé par le maire d'Agboville. Reporters sans frontières a demandé au ministre ivoirien de la Sécurité, Martin Bléou, que tous les moyens soient mis en œuvre pour assurer sa sécurité.
Le 28 juillet, Gaston Bony, directeur de publication de l'hebdomadaire Le Venin, publié à Agboville, condamné le 31 mars dernier à six mois de prison ferme, a été libéré pour raisons médicales. Durement éprouvé par des conditions de détention déplorables et affaibli par une grève de la faim de cinq jours, son état de santé n'était plus compatible avec la vie carcérale.
"La fin anticipée de cette détention injustifiée est certes une bonne nouvelle, mais nous demeurons très préoccupés", a déclaré Reporters sans frontières. "En effet, des menaces de mort adressées au journaliste par des affidés du maire d'Agboville, pendant son incarcération, laissent craindre pour sa sécurité. De plus, on est en droit de s'interroger sur l'impact d'un appel téléphonique qui a pu provoquer le décès de la mère de Gaston Bony, terrassée par une crise cardiaque, le 5 juin dernier", a ajouté l'organisation.
Dans une lettre adressée au ministre ivoirien de la Sécurité, Martin Bléou, l'organisation a demandé que tous les moyens soient mis en œuvre pour assurer la sécurité du journaliste. Reporters sans frontières a également réclamé l'ouverture d'une enquête afin que la lumière soit faite sur ces menaces.
Gaston Bony, également animateur de la radio de proximité La voix de l'Agnéby, avait été condamné, le 31 mars 2004, à six mois de prison ferme et 500 000 francs CFA (environ 760 euros) d'amende pour diffamation, suite à la parution d'un article intitulé "Le maire d'Agboville, M. Tetchi Chiedou Claude, détourne trois millions de la subvention de la radio pour payer les services occultes d'un ami".
Cette condamnation d'un journaliste à une peine de prison ferme a constitué une première depuis l'accession de Laurent Gbagbo à la présidence en 2000, alors même que le chef de l'Etat avait alors clairement affirmé qu'il n'y aurait plus d'emprisonnement en Côte d'Ivoire pour délit d'opinion.
Lors de sa détention, Gaston Bony faisait déjà état du harcèlement de l'entourage du maire : "Le maire et ses proches me menacent en disant : Nous t'aurons coûte que coûte, à moins que tu ne sois plus en Côte d'Ivoire. Que ce soit à Agboville ou dans une autre localité du pays, on t'aura".
Le directeur du Venin accuse M. Tetchi Chiedou Claude et ses proches d'avoir provoqué la crise cardiaque qui a emporté sa mère, le 5 juin dernier. Ce jour-là, il était sorti de la maison d'arrêt d'Agboville pour subir une opération de l'appendicite. Il affirme qu'une personne a appelé sa mère pour lui annoncer son décès "sur la table d'opération". Celle-ci n'aurait pas supporté le choc de cette nouvelle.