Gabon : la HAC suspend une chaîne ayant refusé de lui ouvrir ses portes
Reporters sans frontières (RSF) dénonce une sanction disproportionnée et demande la réouverture de Media+, une chaîne de télévision locale gabonaise, suspendue pour avoir refusé de recevoir une délégation de la Haute autorité de la communication (HAC).
Media+, l’une des chaînes les plus populaires de Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, a dû couper son signal il y a une semaine. Lundi 23 juillet, la Haute autorité de la communication (HAC) a suspendu ce média pour un mois.
Selon des propos rapportés par la presse locale, le régulateur gabonais avait justifié sa décision en invoquant “une violation des dispositions” et “le manque d’égard” de la chaîne de télévision qui avait refusé de recevoir une délégation de la HAC en mission à Port-Gentil les 20 et 21 juillet. Joint par RSF, Raphaël Ntoutoume Nkoghe, ancien conseiller en communication du président Ali Bongo et désormais président de la HAC, estime que l’attitude des responsables de ce média a constitué une “entrave” à l’action du régulateur gabonais qui “a le pouvoir de débarquer dans n’importe quel média pour inspecter ses installations”.
Abou Becker Ndiaye, le directeur de Média+ a refusé de commenter cette décision, indiquant simplement “ne pas souhaiter aller au bras de fer”. Un recours gracieux a été déposé et doit être prochainement examiné par les membres de la HAC.
“En sanctionnant de manière disproportionnée un média qui a refusé de lui ouvrir ses portes, la HAC, mise sur pied il y a quelques mois seulement, envoie un signal inquiétant aux médias gabonais, déplore Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous lui demandons de privilégier la discussion et les négociations afin que la chaîne de télévision puisse rouvrir sans délai”.
La HAC, créée le 23 février dernier par ordonnance, remplace le Conseil national de la communication (CNC). Contrairement à ce dernier qui avait le statut d’organe constitutionnel, la HAC est une autorité administrative indépendante. Sur les 9 membres, trois sont directement nommés par le président de la République, deux par le président du Sénat, deux par le président de l’Assemblée nationale et deux par la corporation.
Le Gabon occupe toujours la 108e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.