France : RSF demande la remise en liberté immédiate de la journaliste Ariane Lavrilleux

Le placement en garde à vue de la journaliste de Disclose et la perquisition de son domicile, liés comme il y a tout lieu de le croire à sa mission d’information, portent une grave atteinte au principe du secret des sources. Reporters sans frontières (RSF) co-organise à Paris ce mercredi 20 septembre un rassemblement pour la libération immédiate de la journaliste.

Depuis plus de 30 heures, la journaliste de Disclose, média d'investigation nominé au Prix RSF de la liberté de la presse dans la catégorie Impact en 2020, Ariane Lavrilleux, a été placée en garde à vue pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé. Son domicile a été perquisitionné pendant plus de 10 heures.

“Si la journaliste Ariane Lavrilleux subit une garde à vue et une perquisition en raison de son activité légitime de journaliste, ce qu’on a tout lieu de croire, il s’agit d’une atteinte grave au principe du secret des sources. L’impératif prépondérant d’intérêt public, qui permet de lever leur protection selon la loi, doit être appliqué de manière strictement proportionnée, ce qui, de toute évidence, n’est pas le cas en l'occurrence. Nous demandons la libération immédiate de la journaliste.

Pavol Szalai
Responsable du bureau UE-Balkans de RSF

Les démarches de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s'inscrivent dans le cadre d’une information judiciaire, ouverte par le parquet de Paris depuis juillet 2022. Cette enquête fait suite à une plainte déposée par le ministère des Armées pour "compromission du secret de la défense nationale" après les révélations en 2021 de Disclose dans les “Egypt Papers”, co-écrit par Ariane Lavrilleux.

Selon Disclose, la justice reproche à la journaliste d’avoir signé cinq articles sur la politique de défense de la France à l’étranger depuis 2019, dont l’opération française “Sirli” en Égypte, article faisant partie des “Egypt Papers”. 

Les autorités françaises exercent régulièrement des pressions sur les journalistes enquêtant sur des sujets sensibles dans le but de les contraindre à divulguer leurs sources. Dès 2019, plusieurs journalistes travaillant sur les ventes d'armes par la France, dont Geoffrey Livolsi, Mathias Destal et Michel Despratx de Disclose, avaient été convoqués par les services de renseignement. 

L’escalade des pressions a été franchie l’année dernière, lorsque le journaliste Alex Jordanov avait subi les mêmes manœuvres disproportionnées qu’Ariane Lavrilleux après la publication d’un livre sur la DGSI. Il avait été mis en examen à la suite de sa garde à vue pour “divulgation de secret-défense”, “recel de violation du secret professionnel”, “recel de violation du secret de l'instruction” et “révélation d'information permettant l'identification d'une source”. Deux journalistes de la Nouvelle République et du Télégramme ont également été inquiétées dans deux affaires différentes pour les mêmes motifs, et convoquées par la DGSI cette année.

Un rassemblement en soutien à Ariane Lavrilleux, co-organisé par RSF, est organisé ce mercredi 20 septembre à 18h30, place de la République à Paris.

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