France : le préfet Didier Lallement et les journalistes en chiffres

Après trois ans passés à la tête de la préfecture de police de Paris, Didier Lallement est remplacé par Laurent Nuñez ce 20 juillet. Reporters sans frontières (RSF) revient sur le bilan du préfet de police de Paris concernant les journalistes, chiffres à l’appui.

 

34 cas de violences policières contre les journalistes à Paris en 2019

La prise de fonction de Didier Lallement a eu lieu le 21 mars 2019. Elle est intervenue en pleine période de manifestations des gilets jaunes, qui avait débuté le 17 novembre 2018 et dans le cadre de laquelle le nombre d’incidents touchant les journalistes et impliquant les forces de l’ordre ont explosé. L’année 2019 a été marquée par 34 cas de violences policières envers les journalistes à Paris.

Au moins 29 cas de violences policières contre les journalistes à Paris en 2020

Au cours de 2020, la première année complète du préfet Didier Lallement, RSF a identifié 29 cas de violences policières sur des journalistes à Paris. Un chiffre qui représente la grande majorité des agressions physiques commises contre eux, non seulement dans la capitale, mais dans toute la France durant cette année. Cas emblématique, le photographe d’origine syrienne, Ameer Al Halbi a été blessé au visage par un très violent coup de matraque, alors qu’il couvrait la Marche des libertés, le 28 novembre. En concertation avec le photojournaliste indépendant, RSF a alors porté plainte contre Didier Lallement et contre X pour violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique. 2020 est une année qui a également connu une vingtaine d’interpellations arbitraires de journalistes. 

11 cas de violences policières sur la période 2021-2022

En 2021, le nombre de violences policières commises à Paris s’élève à 9 cas, une tendance à la baisse confirmée par les six premiers mois de 2022, avec 2 cas comptabilisés. Mais outre ces violences policières, un autre phénomène préoccupant s'est développé en 2020 et en 2021 : les nombreux cas d’agressions physiques de la part des manifestants - notamment dans le cadre des manifestations contre le passe sanitaire - visant les journalistes qui ont souvent été insuffisamment protégés par les forces de l’ordre. Pointant ces défaillances, RSF a appelé les autorités à assurer une meilleure protection des reporters.

Plus de 70 agressions physiques de journalistes par les forces de l’ordre au total

Depuis la prise de fonctions de Didier Lallement, RSF a répertorié plus de 70 agressions physiques de journalistes de la part des forces de l’ordre dans la capitale. Les violences policières et les interpellations arbitraires des reporters couvrant les manifestations se sont multipliées notamment en 2019 et en 2020, avant de baisser de manière significative en 2021 et en 2022, dans le contexte de la crise de la COVID et d’une réduction du nombre de manifestations. Cette baisse peut être également en partie attribuée aux travaux de la commission Delarue, sur les relations entre les forces de l’ordre et la presse. Des travaux engagés sous l’impulsion du Premier ministre, et auxquels a contribué RSF, qui ont mené à l'adoption, par le ministère de l’Intérieur, en décembre 2021, du nouveau Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO). Celui-ci a mis en place un “groupe de contact” composé de représentants des journalistes - dont RSF - et des autorités - dont la préfecture de police de Paris - qui se réunit tous les mois sous l’égide du ministère de l’Intérieur pour traiter des menaces pesant sur les journalistes, y compris celles provenant des forces de l’ordre.

10 plaintes déposées par RSF

Les violences policières sur les journalistes sont loin d’avoir disparu sous l’ère du préfet Didier Lallement. Trois journalistes couvrant une manifestation contre le meeting du candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour, en décembre dernier à Villepinte, ont été agressés et insultés par les forces de l’ordre, ce qui a fait l’objet d’un dépôt de plainte par RSF. Au total, l’organisation a déposé plainte pour 10 journalistes victimes de violences policières commises en Île-de-France depuis la prise de fonction de Didier Lallement. 

0 procès 

Sur les dix plaintes déposées par RSF, six ont été classées sans suite, une est toujours en instruction, et aucune à ce stade n’a donné lieu à un procès

L’exigence d’une tolérance zéro

Le bilan du préfet Didier Lallement est indubitablement négatif. Malgré la baisse des violences policières envers les journalistes durant ces 18 derniers mois, RSF a régulièrement déploré de graves dérives de la part des forces de l’ordre. L’organisation exhorte le nouveau préfet, Laurent Nuñez, à se fixer comme objectif la disparition totale des violences policières et la tolérance zéro envers tout acte commis contre le droit à l’information garanti par les journalistes couvrant les manifestations.

La France figure à la 26e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022. 

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