François Hollande doit demander la libération des journalistes emprisonnés

La France doit faire de la libération des journalistes emprisonnés une condition de sa présence à la cérémonie d’ouverture des premiers Jeux olympiques européens, à Bakou, en juin 2015.

Au lendemain de sa visite à Erevan pour commémorer le centenaire du génocide arménien, François Hollande est attendu à Bakou le 25 avril 2015. Reporters sans frontières appelle le président de la République française à saisir cette occasion pour demander clairement à son homologue la libération des journalistes emprisonnés et la fin du harcèlement des voix critiques. A la 162e place sur 180 pays, l’Azerbaïdjan a enregistré l’une des chutes les plus importantes, en performance absolue, du classement 2015 de la liberté de la presse. Les journalistes indépendants et les blogueurs critiques ont presque tous été contraints au silence, jetés en prison ou poussés à l’exil. “Après avoir anéanti tout pluralisme médiatique, les autorités azerbaïdjanaises étouffent méthodiquement les dernières voix critiques, rappelle la directrice des programmes de RSF, Lucie Morillon. A l’approche des premiers Jeux olympiques européens, les dirigeants du continent ont une responsabilité particulière pour dénoncer la répression sans précédent orchestrée par Bakou. Nous demandons à François Hollande de conditionner la présence d’une délégation française à la cérémonie d’ouverture des Jeux à la libération des journalistes emprisonnés.” Malgré la remise en liberté de deux journalistes en décembre 2015, huit de leurs collègues et quatre net-citoyens restent emprisonnés, dans des affaires montées de toutes pièces, pour avoir rempli leur mission d’information. Parmi eux figure la plus célèbre journaliste d’investigation du pays, Khadija Ismaïlova, en détention provisoire depuis décembre 2014. L’Azerbaïdjan compte au total une centaine de prisonniers politiques, dont les défenseurs des droits de l’homme Rasul Jafarov et Intigam Aliev, respectivement condamnés à six ans et demi et sept ans et demi de prison la semaine dernière. Face aux pressions multiformes du régime d’Ilham Aliev, les dernières sources d’information indépendantes sont bâillonnées les unes après les autres. Le bureau à Bakou de Radio Azadliq, le service azerbaïdjanais de Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL), a été fermé manu militari en décembre 2014. Asphyxié économiquement, le journal indépendant Zerkalo avait déjà dû mettre la clef sous la porte en mai. Le dernier quotidien d’opposition, Azadlig, croule lui aussi sous le poids d’amendes astronomiques et d’une politique d’étouffement concertée. Le secteur audiovisuel est quant à lui entièrement dans les mains des autorités. Les principales ONG de soutien des médias et de défense de la liberté de l’information ont elles aussi du mettre un terme à leurs activités. Emin Huseynov, président de l’Institute for Reporters’ Freedom and Safety (IRFS), est confiné depuis août 2014 à l’ambassade de Suisse à Bakou, où il a trouvé refuge lorsque son domicile et les locaux de son association ont été perquisitionnés. Le climat d’intimidation est renforcé par des agressions qui restent en général impunies, des tentatives de chantage, et des déclarations incendiaires de l’exécutif à l’encontre de critiques décrits comme des “traîtres” ou des “agents étrangers”. (Photo: AFP / Stéphane de Sakutin)
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Updated on 20.01.2016