Forte dégradation de la liberté de la presse après les élections
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Lors des élections, puis au cours des manifestations organisées par l'opposition, plusieurs journalistes ont été interpellés ou agressés par les force de l'ordre. Certains correspondants de télévisions étrangères ont dénoncé par ailleurs l'impossibilité qui leur a été faite de transmettre leurs images à leurs médias.
Reporters sans frontières s'inquiète de cette nouvelle dégradation des conditions de travail des journalistes et rappelle que le président Loukachenko fait partie des prédateurs de la liberté de la presse dénoncés par l'organisation.
Au soir du 19 octobre 2004, des manifestations ont réuni plusieurs centaines d'opposants dénonçant les résultats des élections législatives et du référendum constitutionnel, dans le centre-ville de Minsk. Konstantin Morozov, cameraman de la chaîne de télévision russe NTV, a été passé à tabac par la police anti-émeutes à l'intérieur du bâtiment où les forces de l'ordre avaient conduit Anatoly Lebedko, leader de l'opposition. Jeté à terre, il a reçu de nombreux coups de pied et sa caméra a été détruite. Des témoins ont déclaré que son visage était couvert de sang. Vladimir Koscin, cameraman de la chaîne de télévision russe REN TV, aurait également été violemment frappé.
Parmi la cinquantaine de personnes interpellées cette nuit-là, figurait Sergueï Grits, photographe de l'agence Asssociated Press (AP). Il a été relâché immédiatement après avoir déclaré être journaliste. "On m'a dit que les reporters entravaient le travail de la police, que j'aurais dû me tenir plus loin. J'ai répondu qu'en restant à l'écart, je n'aurais pris aucune photo," a-t-il déclaré.
Hanna Harasimowicz, journaliste polonaise pour le magazine Informator Kulturalny, a été interpellée, le 16 octobre, à Bykhau (Est). Lors d'une visite dans les bureaux de vote de la circonscription, elle a demandé combien de personnes avaient pris part aux élections durant la semaine. Selon elle, cette question a rendu les membres des comités électoraux extrêmement nerveux. Interpellée plus d'une heure, elle a été interrogée notamment sur les raisons de son intérêt pour les procédures électorales.
Par ailleurs, plusieurs correspondants de chaînes de télévision étrangères ont dénoncé, les 19 et 20 octobre, l'impossibilité de transmettre leurs images.
L'équipe de la chaîne de télévision russe Perviy Kanal a déclaré, le
20 octobre au soir, que les images d'une nouvelle manifestation de l'opposition n'avaient pas pu être transférées. La radio-télévision bélarusse, qui prend habituellement en charge l'envoi des images, a prétexté une impossibilité technique. Le groupe russo-bélarusse Mir, qui s'occupe également des transferts d'images par satellite, les a aussi refusées, après les manifestations durement réprimées du 19 octobre.
Dmitry Novozhilov, correspondant de Perviy Kanal, a déclaré : "Il est impossible d'envoyer la moindre image depuis Minsk, même sans rapport avec les élections et le référendum. Ils ne trouvent qu'une excuse à ce refus : des problèmes techniques."
Dès le 19 octobre au soir, Elena Slav, correspondante de la chaîne de télévision russe REN TV, a déclaré que le personnel de Mir prétextait des problèmes techniques pour ne pas effectuer le transfert vers Moscou. "A 21 h 30, nous devions envoyer les images du passage à tabac d'Anatoly Lebedko, mais on nous a dit de ne pas nous rendre au studio, car les cassettes pourraient être saisies," a précisé la journaliste. Selon elle, d'autres équipes ont rencontré le même problème.
Publié le
Updated on
20.01.2016