Fin de détention pour les journalistes, des opposants toujours derrière les barreaux

Trois nouveaux journalistes indépendantes sont emprisonnés à Minsk, portant à 20 le nombre total de détenus depuis le 20 mars 2006. Six ont depuis été libérés mais les autorités montent le ton face à la pression internationale pour obtenir leur libération. La situation semble bloquée. ??????? ?? ???????

Le calvaire est terminé pour les journalistes biélorusses et étrangers, pris dans les vagues d'arrestations qui ont suivi les manifestations contre la réélection du président Loukachenko, en mars. Les derniers détenus ont été libérés au début du mois d'avril. Le candidat de l'opposition, Alexandre Kazouline, accusé de « hooliganisme » pour avoir participé à ces manifestations, est toujours emprisonné et risque jusqu'à six ans de prison. Cinq personnes ont encore été condamnées le 10 avril à des peines allant de 10 à 15 jours de prison pour les mêmes chefs d'accusation. ------------- 8 avril 2006 Reporters sans frontières soulagée par la libération de six journalistes Reporters sans frontières est soulagée d'apprendre la libération de six journalistes détenus pour avoir couvert les manifestations interdites par les autorités à Minsk. Dans la nuit du 7 au 8 avril, Frédérick Lavoie, journaliste free-lance canadien qui collaborait notamment avec le quotidien La Presse, est sorti libre d'une prison de Minsk, accompagné par deux officiers consulaires canadiens. Il devait être expulsé du pays. Dans la matinée du 8 avril, Georgiy Lagidze, caméraman de la chaîne de télévision géorgienne Channel I, a été libéré à Minsk. Il a déclaré à Reporters sans frontières être encore sous le choc de sa condamnation à quinze jours de détention. Quelques heures auparavant, Artiom Liava, photographe de l'hebdomadaire Nasha Niva, avait été relâché de la prison Okrestina après avoir purgé une peine similaire de quinze jours pour avoir couvert des manifestations démocratiques le 24 mars dernier. De leur côté, les reporters russes Eduard Glezin et Oleg Kozlovskii du journal Pravoe Delo, et Aleksandr Podrobinek de l'agence indépendante Prima News ont été libérés et expulsés le 7 avril par les autorités de Minsk. ------ 4 avril 2006 Neuf journalistes sont toujours derrière les barreaux Onze journalistes ont été libérés depuis le 31 mars 2006. Neuf autres, locaux et étrangers, sont toujours retenus en détention provisoire et devraient être libérés d'ici la fin de la semaine. Sergeï Salash, du magazine Offside, devrait être relâché le 4 avril, de même qu'Andrij Lukka, journaliste ukrainien de Karpatski Holos et Ivan Roman, correspondant free-lance du site www.solidarnost.org de l'ancien hebdomadaire Solidarnost. Frédéric Lavoie, journaliste free-lance canadien, Artiom Liava, photographe de l'hebdomadaire Nasha Niva, Aleksandr Podrobinek, de l'agence d'information russe Prima-News, Eduard Glezin et Oleg Kozlovskii, les deux journalistes russes du périodique Pravoe Delo, finiront de purger leur peine le 7 avril. Enfin, Georgiy Lagidze, du groupe audiovisuel public géorgien (OGT), devrait être libéré le 8 avril. Aucune prolongation de peine n'a été constatée depuis le début des arrestations et les libérations suivent leur cours, malgré les menaces des autorités. ------- 30 mars 2006 La liste des détenus s'allonge, les autorités affirment qu'elles ne « céderont » pas ??????? ?? ??????? Trois nouveaux journalistes ont été emprisonnés, portant à 20 le nombre des professionnels de la presse actuellement détenus. Ils sont tous accusés de « hooliganisme ». Daria Kostenko, journaliste biélorusse free-lance a été prise dans la rafle de la nuit du 23 au 24 mai. Arrêtée très tôt le matin, elle a été condamnée à dix jours de prison. Deux journaliste russes, Glezin Eduard et Oleg Kozlovskii, du périodique Pravoe Delo, ont été arrêtés le 27 mars, probablement en même temps, et doivent purger une peine de quinze jours de prison en centre de détention provisoire. D'après les informations recueillies par l'Association biélorusse des journalistes (BAJ), au total une quarantaine de journalistes, dont une douzaine de nationalité étrangère, ont été interpellés par les autorités biélorusses entre le 14 et le 27 mars. Il leur est reproché d'avoir assisté à des rassemblements de l'opposition. Six d'entre eux ont été libérés pendant cette période après avoir purgé la totalité de leur peine d'un maximum de cinq jours. Plusieurs autres ont été relâchés après avoir été brièvement détenus et au moins trois ont été condamnés à payer une amende. Des journalistes polonais, géorgiens, russes, ukrainien et canadien, figurent parmi les détenus. Le 29 mars, la porte-parole du ministère biélorusse des Affaires étrangères, Maria Vanchina, a expliqué que le Bélarus ne « cédera » pas à ce que les autorités qualifient de « chantage » de la part du gouvernement canadien. Le Canada tente d'obtenir la libération du jeune pigiste, Frédérick Lavoie, détenu depuis le 24 mars. Le ton monte entre les deux pays et les autorités biélorusses accusent le journaliste canadien de ne pas avoir été officiellement accrédité pour couvrir les élections. Reporters sans frontières rappelle que le gouvernement biélorusse a procédé à un filtrage minutieux des accréditations réglementaires des correspondants étrangers depuis le début de l'année 2006. L'organisation a recueilli plusieurs témoignages de journalistes, dont des journalistes free-lance comme Frédérick Lavoie, expliquant qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de se rendre en touristes dans le pays, d'une part pour être sûrs d'obtenir un visa, et d'autre part, pour passer incognito et ne pas subir le harcèlement des autorités. Il est très rare que le consulat biélorusse rejette officiellement une demande de visa mais les services consulaires savent faire traîner les demandes en longueur de façon que les journalistes n'aient pas leur visa à temps. C'est, par exemple, ce qui est arrivé à Fabrice Nodé-Langlois, correspondant du quotidien Le Figaro à Moscou, lorsqu'il a essayé de se rendre à Minsk... --------------- 27 mars 2006 Dix-sept journalistes pris dans la vague de répression post-électorale toujours détenus D'après l'Association biélorusse des journalistes (BAJ), quatre autres journalistes ont été pris dans la rafle de la nuit du 23 au 24 mars 2006, portant à 26 le nombre de journalistes emprisonnés depuis le 20 mars. Ils ont été arrêtés au moment où la police anti-émeutes a chargé les manifestants protestant contre la réélection du président Alexandre Loukachenko, et détruit leur campement. D'après le dernier bilan de l'Agence France-Presse, daté du 26 mars, 450 personnes qui étaient réunies sur la place d'Octobre ont été mises sous les verrous par les forces de police. Les condamnations pour participation à ce « rassemblement illégal », selon les autorités, ont commencé à pleuvoir. S'ajoutent à la liste des journalistes arrêtés : - Vitali Vasilkov, correspondant de la Deutsche Welle à Moguiliev (est du pays), condamné à sept jours de prison le 23 mars. - Alexeï Salej, rédacteur du site Internet Pahonia à Grodno (ouest du pays), détenu depuis le 24 mars dans la ville de Grodno, et en attente de jugement. - Valeryi Chtchukine, correspondant du journal indépendant Narodnaya Volya à Vitebsk (nord-est du pays), arrêté une première fois le 17 mars, relâché le 23 mars et à nouveau arrêté le 24 mars alors qu'il allait prendre le train le ramenant chez lui. - Weronika Samolinska, journaliste stagiaire au célèbre quotidien polonais Gazeta Wyborcza, condamnée à dix jours de prison le 27 mars. La correspondante du quotidien Libération à Moscou, Lorraine Millot, a été arrêtée dans la nuit du 24 mars, à Minsk, puis relâchée peu de temps après. Un autre journaliste étranger, Pavel Cheremet, de la chaîne russe Pervyi Kanal (anciennement ORT) et opposant notoire d'Alexandre Loukachenko, a été arrêté le 26 mars, battu, détenu puis relâché le lendemain. Les autorités lui ont intimé l'ordre de quitter le territoire sous 48 heures. Les journalistes indépendants arrêtés sont, pour la plupart, envoyés au centre de détention provisoire de la rue Okrestina et retenus dans des conditions pénibles déjà décrites par Reporters sans frontières. Jérémi Lavoie, le frère du journaliste pigiste canadien emprisonné depuis le 24 mars, Frédérick Lavoie, a déclaré à l'organisation qu'il était très inquiet. Il tente d'obtenir sa libération depuis son domicile de Québec, au Canada, sans arriver à identifier l'autorité de police compétente. Les pouvoirs locaux sont difficilement joignables et la transparence de l'administration inexistante... Reporters sans frontières appelle une nouvelle fois les représentants des pays étrangers présents sur place à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération des dix-sept journalistes actuellement détenus au Bélarus. ------ 24 mars 2006 22 journalistes indépendants raflés dans la vague de répression post-électorale ??????? ?? ??????? Reporters sans frontières est scandalisée par la vague d'arrestations qui touche les journalistes indépendants. Cinq jours après sa réélection, la victoire du président Alexandre Loukachenko est toujours contestée et la répression contre la presse indépendante est sans précédent. Dans la nuit du 23 au 24 mars, neuf nouveaux journalistes ont été interpellés et emmenés dans un lieu inconnu. Cette dernière vague d'arrestations porte à 22 le nombre de journalistes incarcérés depuis le début de la semaine, dont treize se trouvent toujours en prison, détenus dans des conditions déplorables, d'après les informations recueillies par Reporters sans frontières. «Ces arrestations sont destinées à faire taire la contestation et instaurer un climat de terreur dans le pays. Les journalistes indépendants doivent être immédiatement libérés», a déclaré Reporters sans frontières « Nous appelons tous les représentants de pays étrangers basés sur le territoire biélorusse, ainsi que les pays voisins, à intervenir en faveur de la libération des journalistes indépendants», a ajouté l'organisation. La vague de répression s'est intensifiée dans la nuit du 23 au 24 mars, une nuit durant laquelle des centaines de manifestants d'opposition ont été interpellés par la police anti-émeutes. Neuf journalistes ont également été arrêtés. Le lieu de leur détention est pour le moment inconnu. On compte, parmi ces neuf journalistes, quatre membres de la BAJ (Association biélorusse des journalistes), association partenaire de Reporters sans frontières. Vadim Kaznacheyev, journaliste free-lance, Tatiana Snitko et Artiom Liava, respectivement correspondante free-lance et photographe de l'hebdomadaire Nasha Niva, ainsi que Tatiana Vanina, ont été arrêtés vers 3 heures du matin et emmenés dans un lieu inconnu. Frédérick Lavoie, journaliste free-lance canadien non accrédité, Andreï Rasinski, de l'hebdomadaire Nasha Niva, Nino Giorgabiani et Georgui Lagidze, du groupe audiovisuel public géorgien (OGT), et Alexandre Podrabinek, de l'agence d'information russe Prima-News, ont également été arrêtés. Treize autres journalistes sont toujours derrière les barreaux, condamnés, pour la plupart, à plusieurs jours de prison et prétendument accusés de «hooliganisme», «participation à un rassemblement non autorisé» ou pour avoir «proféré des obscénités». Les conditions d'incarcération sont alarmantes. Les cellules sont surpeuplées, sans chauffage et le manque d'hygiène est flagrant. Des planches en bois, sans drap, servent de lit et un trou a été creusé dans le sol en guise de toilettes. Rappel des arrestations : 20 mars : - Aliaksei Shein, groupe de presse du candidat d'opposition Alexandre Milinkevitch, condamné à cinq jours de prison. 21 mars: - Igor Bantsar, de l'hebdomadaire Glos znad Niemna condamné à dix jours de prison - Andrzej Pisalnik, du même journal, condamné à douze jours de prison - Yuri Chavusau, journaliste de l'ONG Internet Portal, fondateur des magazines Palitychnaya Sfera et Arche, condamné à dix jours de prison - Aleksei Rads, du forum internet forum.grodno.net, condamné à dix jours de prison - Dzmitry Hurnevich, correspondant free-lance de la radio polonaise Radio Polonia, condamné à dix jours de prison. 22 mars: - Andrey Dynko, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Nasha Niva, condamné à dix jours de prison. - Vadim Aleksandrovitch, journaliste de l'hebdomadaire Belorusy i Rynok, condamné à dix jours de prison. - Andrij Lukka, journaliste ukrainien de Karpatski Holos, a été condamné à quinze jours de prison 23 mars : - Ivan Roman, correspondant free-lance du site www.solidarnost.org de l'ancien hebdomadaire Solidarnost, condamné à 13 jours de prison. Il avait déjà été arrêté le 17 mars, emmené au poste de police, interrogé avec un pistolet sur la tempe et menacé. - Viktar Yarashuk, rédacteur en chef du magazine local Myastsovy Chas, condamné à six jours de prison. Il avait déjà passé cinq jours en détention entre le 15 et le 20 mars. - Anton Taras, journaliste free-lance, condamné à 11 jours de prison - Sergeï Salash, du magazine Offside, condamné à 13 jours de prison
Publié le
Updated on 20.01.2016