Fermeture des bureaux d’Al-Jazeera au Koweït
Organisation :
Reporters sans frontières condamne vivement la décision des autorités koweïtiennes de fermer le bureau de la chaîne qatarie d’information en continu Al-Jazeera, en raison de sa couverture des récentes violences policières contre un rassemblement non autorisé, le 8 décembre 2010, devant le Parlement, à Soulaïbkhat, à 10 km de Koweït City.
Cette sanction va à l'encontre des règles de procédure légale en vigueur dans le pays. Nous demandons aux autorités d'accréditer à nouveau les journalistes afin qu'ils puissent travailler. L’organisation rappelle que la liberté d’expression est garantie par la Constitution du Koweït.
Le 8 décembre dernier, un rassemblement était organisé par l’opposition contre un projet d’amendement de la Constitution de 1962. Le gouvernement avait averti qu’il n’autoriserait pas de rassemblement en plein air, appelant l’opposition à l’organiser à l’intérieur des bâtiments.
Les policiers anti-émeutes ont pris à partie les manifestants, parmi lesquels une dizaine de députés, les frappant à coups de matraque. Plusieurs d’entre eux ont dû être hospitalisés pour des blessures et des fractures.
« C’est un incident sans précédent dans l’histoire politique du Koweït. Les autorités ont délibérément voulu s’en prendre physiquement à l’opposition », avait déclaré le parlementaire Jaman Al-Herbish à l’agence Reuters.
Les autorités publiques doivent faire face à leurs responsabilités. Ce n'est pas à une chaîne de télévision de payer le prix des violences commises par les forces de l'ordre du pays. D'autant que de nombreux sites d'informations ont relayé l'événement, suscitant de vives critiques. Nous appelons le gouvernement à ouvrir une enquête indépendante et transparente sur les violences commises par les forces de l'ordre.
Reporters sans frontières rappelle que l’avocat et écrivain Mohamed Abdel Qader Al-Jassem subit l’acharnement de la justice depuis août 2009 (pour info : http://fr.rsf.org/koweit-harcelement-judiciaire-d-un-01-04-2010,36928.html). Selon son avocat, le journaliste a été innocenté à neuf reprises, avant d’être condamné à une peine d’un an de prison assortie de travaux forcés, le 22 novembre 2010.
Mohamed Abdel Qader Al-Jassem est l’auteur de plusieurs articles critiquant la politique du Premier ministre. Cardiaque, il a subi un triple pontage le 8 décembre 2010. Suite au transfert de son dossier à un tribunal spécial, il doit être à nouveau jugé le 15 décembre 2010. Il risque jusqu’à un an supplémentaire de prison ferme.
Reporters sans frontières réitère ses appels à la libération de Mohamed Abdel Qader Al-Jassem et à l’arrêt des poursuites engagées contre lui. La politisation de l’appareil judiciaire constitue un réel péril pour l’avenir de la démocratie au Koweït.
Publié le
Updated on
20.01.2016