Fermeture de deux journaux et pressions sur les journalistes afin qu’ils demandent pardon

Si au cours des derniers jours certains journalistes et net-citoyens ont été libérés, la répression contre des professionnels des médias continue. Le 1er mars 2010, le quotidien Etemad a été suspendu et la licence de publication de l’hebdomadaire Iran Dokht a été annulée sur ordre de la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, contrôlée par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique. Par ailleurs, les autorités de Téhéran poursuivent les arrestations de journalistes, et dans tout le pays, nombreux sont ceux à être convoqués. Parallèlement, ceux qui sont aux mains du ministère des Renseignements subissent d’importantes pressions pour demander publiquement pardon au Guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Khamenei. La semaine dernière, le procureur général de la République islamique, Golamhosien Mohssenie Ejehie, a d’ailleurs déclaré que « l’une des conditions pour la libération des prisonniers politiques est la repentance ». « Les libérations de journalistes constituent certes une bonne nouvelle, mais nous continuons à demander la libération de tous les journalistes et net-citoyens arrêtés arbitrairement, sans respect des lois en vigueur en Iran et condamnés injustement par des tribunaux inéquitables. Pourquoi ces journalistes doivent-ils présenter des excuses, alors même qu’ils n’ont fait qu’informer leurs concitoyens ? Avec, en huit mois, 110 professionnels des médias interpellés et pas moins de 20 médias censurés, c’est le régime de la République islamique d’Iran qui doit demander pardon aux victimes une fois qu’il les aura libérées », a déclaré le Reporters sans frontières. Le quotidien Etemad a été suspendu après la publication d’une série de réactions de députés réformateurs suite à la diffusion par la BBC d’un film montrant la violence déployée par les forces de l’ordre et les miliciens contre des étudiants au cours de l’attaque du campus de l’université de Téhéran, le 15 juin 2009. Au cours de cet incident, les forces de l’ordre s’étaient elles-mêmes filmées en train de violenter les étudiants. Dans un article publié dans l’hebdomadaire, des députés réformateurs ont demandé la publication, dans sa version intégrale, du rapport de la commission d’enquête parlementaire mise en place suite à cet incident. Les autorités iraniennes avaient quant à elles remis en cause l’authenticité du film. Par ailleurs, la licence de l’hebdomadaire Iran Dokht a été annulée par la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse pour “non-conformité avec la loi sur la presse“, argument déjà utilisé par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique pour fermer de nombreux journaux considérés comme affiliés au camp réformateur. Akbar Montajabi, un des journalistes d’Iran Dokht, est toujours en détention depuis 7 février. Mohammad Reza Moghisseh, rédacteur en chef de Biste saleha, arrêté le 14 octobre, Mahsa Jazini, journaliste au quotidien Iran dans la ville d’Ispahan, arrêtée le 7 février, Foad Sadeghi, directeur du site Ayandenews arrêté le 12 févier, ont été libérés le 1er mars. Kivan Mehrgan, journaliste du quotidien Etemad, arrêté le 28 décembre, a été libéré le 2 mars. Tous ces journalistes ont été libérés provisoirement suite au versement d’une caution et en attente de leur jugement.
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Updated on 20.01.2016