La cyberdissidente Fathimath Nisreen, interpellée le 13 août 2004 lors de la dispersion d'une manifestation prodémocratique, est sortie de prison le 25 octobre. Elle sera transférée dans les prochains jours sur l'île de Feeail, au Sud de la capitale, pour y purger sa peine de cinq ans de "bannissement".
La cyberdissidente Fathimath Nisreen, interpellée le 13 août 2004 lors de la dispersion d'une manifestation prodémocratique, est sortie de prison le 25 octobre. Elle sera transférée dans les prochains jours sur l'île de Feeail, au Sud de la capitale, pour y purger sa peine de cinq ans de "bannissement".
Reporters sans frontières se réjouit de la sortie de prison de Fathimath Nisreen mais rappelle que sa condamnation au bannissement est inacceptable. "Nous réclamons la libération pure et simple de Fathimath et des trois autres cyberdissidents toujours aux mains du régime", a déclaré l'organisation.
Fathimath Nisreen est en bonne santé mais affirme avoir été "perturbée psychologiquement" par son arrestation et les tortures dont elle a été témoin.
Mohamed Zaki et Naushad Waheed ont été placés en résidence surveillée. Quant à Ahmad Didi, qui souffre de graves problèmes cardiaques, il a été de nouveau transféré à la prison de Dhoonidhoo après quelques jours passés à l'hôpital.
Rappel des faits :
Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans la capitale (Malé), le 12 août 2004 au soir, pour demander des réformes démocratiques. Une répression violente de cette manifestation pacifique a débuté le lendemain dans l'après-midi, sur ordre du président Gayoom. Ce dernier a également décrété un couvre-feu et coupé l'accès à Internet dans tout l'archipel pendant deux jours. Les quatre cyberdissidents, placés en résidence surveillée peu avant les événements, avaient pu participer à la manifestation.
Mohamed Zaki, Ahmad Didi, Ibrahim Lutfy et son assistante Fathimath Nisreen avaient été arrêtés, en janvier 2002, pour avoir collaboré à Sandhaanu, un bulletin d'informations diffusé par e-mail qui dénonçait les atteintes aux droits de l'homme et la corruption aux Maldives. Accusés de « diffamation » et d'avoir « tenté de renverser le gouvernement », Mohamed Zaki, Ibrahim Lutfy et Ahmad Didi avaient été condamnés à la prison à vie, le 7 juillet 2002. Leur peine avait par la suite été réduite à 15 ans. Fathimath Nisreen, qui n'avait que 22 ans lors de son procès, avait écopé de 10 ans d'emprisonnement. En 2003, sa peine avait été réduite à cinq ans de bannissement sur l'île de Feeail. Ibrahim Lutfy a réussi à s'évader de prison, le 24 mai 2003, et vit aujourd'hui en Suisse.
Le peintre et dissident politique Naushad Waheed avait également été arrêté, le 9 décembre 2001, pour être entré en contact par e-mail avec Amnesty International. Il avait été condamné, le 12 octobre 2002, à 15 ans de prison pour avoir commis « un acte antigouvernemental ». Naushad Waheed a été torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention.
Le régime du président Gayoom est l'un des plus répressifs de la planète en matière de liberté d'expression, sur la Toile comme envers les médias traditionnels. L'Internet de l'archipel est géré par l'entreprise britannique Cable & Wireless.