Expulsions, retrait de licence : Reporters sans frontières dénonce la reprise en main des médias indépendants

La télévision indépendante ANS et des médias de l'opposition font l'objet de pressions de la part des autorités. Depuis plusieurs semaines, la presse indépendante se mobilise pour dénoncer l'autoritarisme du président Ilham Aliev et le harcèlement dont elle est victime.

Reporters sans frontières exprime sa plus vive inquiétude face à l'expulsion de leurs locaux de plusieurs médias de l'opposition et à la suspension de la chaîne de télévision indépendante ANS. Le 24 novembre 2006, le tribunal économique de Bakou a ordonné l'expulsion de leurs locaux du quotidien d'opposition Azadlig, de l'agence de presse Turan, du journal Bizim Yol et du parti du Front Populaire de l'Azerbaïdjan. Cette décision a été exécutée immédiatement par les forces de police. Le même jour, le Conseil national de la télévision et de la radio a rendu publique sa décision de retirer sa licence à la première chaîne indépendante ANS. La chaîne a cessé d'émettre dans l'après-midi. “Ces mesures rendent compte d'un durcissement de la position des autorités azéries vis-à-vis des médias indépendants, malgré les appels d'organisations de défense de la liberté de la presse, de représentants de l'Union européenne, de l'OSCE et des Etats-Unis. Prises par des autorités judiciaires et administratives, elles n'en sont pas moins politiquement motivées, puisqu'elles ne concernent que des médias d'opposition, indépendants ou étangers. Azadlig est le principal quotidien d'opposition (9 000 ex.) et ANS TV, la première chaîne indépendante qui a fêté son quinzième anniversaire récemment. Elle hébergeait sur sa fréquence les radios BBC, Radio Free Europe et Voice of America. Nous appelons le président Ilham Aliev à user de son pouvoir pour permettre à ANS TV de reprendre ses activités et au pluralisme de l'information d'exister”, a déclaré Reporters sans frontières. Une centaine de policiers ont investi les locaux du principal parti d'opposition, du plus connu des quotidiens d'opposition et de l'agence de presse Turan. Le Comité d'Etat pour le contrôle de la propriété, considérant que l'accord passé en 1992 avec le journal Azadlig lui permettant d'utiliser gratuitement ses locaux (en vertu de l'article 291 du code civil) est aujourd'hui illégal, a ordonné son expulsion sine die. Le déménagement du matériel est intervenu le 25 novembre au matin. Durant le trajet vers d'autres locaux attribués d'office aux médias et situés loin du centre, une partie des archives et du matériel informatique de l'agence Turan ont été endommagés. Quant au journal Azadlig, les locaux qui lui ont été attribués étaient déjà occupés au moment de l'arrivée des membres de la rédaction. Les occupants actuels refusent de quitter les lieux. Son rédacteur en chef adjoint, Ali Rzayev a déclaré qu'Azadlig continuerait à fonctionner à partir des locaux du Yeni Musavat, un autre journal d'opposition. La mobilisation des médias indépendants et d‘opposition s'est organisée après que les menaces d'expulsion et de retrait de licence ont été rendues publiques. Ils dénoncent les arrestations, condamnations, passages à tabac et assassinats de journalistes, en plus des pressions économiques et administratives exercées à l'encontre des médias non officiels. Ses moyens sont pacifiques. Plusieurs journalistes et rédacteurs en chef sont en grève de la faim depuis le 9 novembre 2006. Parmi eux, le rédacteur en chef d'Azadlig, Ganimat Zahidov qui a dû être hospitalisé le 23 novembre. Il se trouve depuis dans un état grave à l'hôpital de Bakou. Des rassemblements ont été organisés dans le centre de la capitale et dispersés par la police, qui a arrêté brièvement près de soixante-dix manifestants (vingt-cinq selon la police).
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Updated on 20.01.2016