Expulsion arbitraire de l’envoyé spécial de RFI par les autorités tchadiennes
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Reporters sans frontières (RSF) condamne l’expulsion brutale par les autorités tchadiennes de l’envoyé spécial de RFI, Laurent Correau, mardi 23 juin.
“Nous sommes scandalisés par l’expulsion arbitraire et violente du journaliste de RFI, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. La brutalité avec laquelle un journaliste d’une des radios internationales les plus en vue sur le continent est traité est stupéfiante. Si le Tchad contribue aux efforts sécuritaires de la communauté internationale, cela ne lui octroie pas un blanc-seing pour violer les droits de l’homme et notamment la liberté de la presse. Il est important que les partenaires internationaux du Tchad cessent de tolérer cette attitude autocratique”.
Selon les informations rapportées sur l’antenne de RFI mercredi matin, l’envoyé spécial de RFI, Laurent Correau, a été interpellé par des hommes se présentant comme des agents de la police des frontières alors qu’il dînait à son hôtel à N’Djamena en compagnie de Reed Brody, porte-parole de Human Rights Watch. L’altercation est rapidement devenue violente et les deux hommes ont été giflés par la police avant que le journaliste ne soit contraint à se rendre à l’aéroport et à embarquer le soir même sur un vol à destination de Paris. L’ambassadrice de France rendue à l’aéroport a été empêchée de lui parler.
Laurent Correau était arrivé au Tchad depuis le 18 juin pour préparer des reportages en amont de l’ouverture prochaine au Sénégal du procès de l’ancien dirigeant tchadien Hissène Habré. Selon les informations données par RFI, le journaliste s’était enregistré auprès des autorités et avait reçu l’autorisation de se mettre au travail « en attendant le document officiel ».
Dans la foulée de cette expulsion, le correspondant local de RFI a été convoqué au ministère de la Communication.
Cette expulsion met en lumière l’arbitraire dont sont victimes les journalistes tchadiens. Le 22 juin dernier, Mahamat Ramadane, directeur de publication du journal Al-Widha, a passé l’essentiel de la journée aux arrêts, après avoir été brutalement interpellé par les forces de l’ordre alors qu’il prenait des photos d’une opération de police. Il n’a dû sa libérations qu’aux interventions de l’Union des journalistes tchadiens. Le 12 juin, c’est le directeur de publication du journal Le Haut-Parleur, Mbayrabé Ouaye qui était arrêté et détenu sans convocation suite à une plainte en diffamation du frère du président, Salaye Deby.
En mai dernier, à Sahr (sud du pays), les journalistes de la radio communautaire Lotiko étaient menacés par le chef local de l’Agence nationale de sécurité (service de renseignement) pour avoir rapporté un possible détournement de carburant.
Le Tchad occupe la 135ème place dans l’édition 2015 du Classement sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Photo: GEORGES GOBET - AFP
Publié le
Updated on
20.01.2016