Examen périodique universel de la Turquie : RSF demande de mettre un terme aux pressions judiciaires

A l’occasion de l’Examen périodique universel (EPU) de la Turquie par le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies, Reporters sans frontières (RSF) a demandé la restauration de l’indépendance de la justice et la fin des pressions judiciaires contre les journalistes.

L’examen périodique universel (EPU) de la Turquie qui a eu lieu le 28 janvier devant le Conseil des Droits de l’homme des Nations-Unies à Genève a été l’occasion pour RSF et neuf autres organisations de défense de la liberté d’expression (Article 19, P24, PEN International, English PEN, International Press Institute-IPI, Freemuse, European Centre for Press and Media Freedom -ECPMF, IFEX, Norwegian PEN) de dénoncer les pressions judiciaires et l’emprisonnement arbitraire de journalistes depuis le putsch avorté du 15 juillet 2016. Dans un rapport commun publié en novembre dernier, huit organisations, dont RSF, avait dénoncé le fait que la Turquie utilise son système judiciaire pour réduire les journalistes au silence


La délégation turque, dans une volonté affichée de démontrer son engagement continu pour  la liberté d'expression et de la liberté de la presse, a pour sa part présenté aux ONG le premier volet de la réforme judiciaire entrée en vigueur en octobre 2019, ainsi que le plan d’action pour les droits de l’homme dont la mise en œuvre va s'étaler jusqu’en 2023.


Le rapport national présenté au Conseil des Droits de l’homme ne mentionne cependant pas les articles du code pénal qui limitent la liberté d'expression en réprimant des délits tels que « l'offense au président de la république », «le dénigrement de la nation turque et ses institutions publiques », ou « l'insulte envers les agents publics ». Le vice-ministre des Affaires étrangères et chef des Affaires européennes, Faruk Kaymakçi, s’est contenté de déclarer : « aucune exception ne peut être faite, pour aucun citoyen, même s'il est journaliste, en cas de glorification du terrorisme ou d'incitation à la haine ». En outre, il a nié que des dizaines de journalistes avaient été emprisonnés ces dernières années, à l’issue de procès politiques.


Face à la position intransigeante de la Turquie, les représentants de différents pays membres du Conseil ont rappelé les pressions judiciaires subies par les journalistes turcs, et évoqué différents cas de détention arbitraire


Une quarantaine de délégations ont par ailleurs rappelé à la Turquie l'importance de respecter les principes d'indépendance de la justice et de séparation des pouvoirs, et ont dénoncé les atteintes à la liberté d’expression et les abus commis au nom des lois antiterroristes. Une vingtaine de pays ont aussi adressé à la Turquie des recommandations en matière de liberté de la presse.


La Turquie occupe la 157e place sur 180 au Classement 2019 de la liberté de la presse, établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 31.01.2020