Exécution de Saddam Hussein : les locaux d'une chaîne de télévision fermés pour "incitation à la violence"

Reporters sans frontières condamne la fermeture du bureau de la télévision satellitaire privée Al-Charkiya à Bagdad, accusée d'“incitation à la violence confessionnelle” pour avoir montré des images d'Irakiens attristés par la mort de l'ancien président Saddam Hussein. L'annonce de son exécution et la diffusion des images de sa pendaison ont suscité de nombreuses controverses au sein des médias irakiens. Certains, notamment les organes de presse publics, célébrant la mort du “tyran”, tandis que d'autres déploraient la mort de l'ancien président. “Nous sommes préoccupés par l'attitude du gouvernement de Nouri Al-Maliki qui impose de plus en plus de restrictions à la presse. Les autorités doivent faire preuve de retenue afin que le pluralisme de l'information reste une réalité en Irak”, a rappelé l'organisation. Le ministère de l'Intérieur a décidé de fermer, le 1er janvier 2007, les bureaux de la chaîne Al-Charkiya, situés dans le quartier Yarmouk, à Bagdad, pour “incitation à la violence confessionnelle” et à “la haine”. La chaîne avait diffusé, ce jour-là, des images de plusieurs manifestations dénonçant l'exécution de Saddam Hussein, qui se sont tenues à Bagdad, Tikrit (province natale de l'ancien président) et Amman, capitale jordanienne où réside sa fille Raghad Hussein. Par ailleurs, les présentateurs de la chaîne publique Al-Iraqiya ont dénoncé, à l'antenne, “les télévisions irakiennes et arabes qui ont montré de la sympathie pour le tyran Saddam Hussein”. Al-Charkiya a continué d'émettre à partir de ses bureaux à Dubaï et à Amman. Les autorités irakiennes avaient déjà ordonné, le 5 novembre 2006, la fermeture des chaînes de télévision Al-Zaoura et Salah-Eddine pour avoir diffusé des images de manifestants brandissant des portraits de l'ancien président et protestant contre sa condamnation à mort. Accusées d'inciter à la violence confessionnelle, elles n'ont toujours pas été autorisées a émettre de nouveau. Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris l'assassinat, le 29 décembre 2006, du journaliste Akil Sarhane, de la chaîne de télévision sportive Al-Riyadia (membre du réseau public des médias irakiens Iraqi media Network). Sa voiture a été attaquée par un groupe armé alors qu'il se rendait sur son lieu de travail. Le journaliste a été tué sur le coup. Ses agresseurs ont pris la fuite.
Publié le
Updated on 20.01.2016