Eviction de Radio Free Europe : un signal très inquiétant pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières et l'Institut des Mass Medias s'inquiètent de l'éviction de Radio Free Europe des ondes FM à quelques mois de l'élection présidentielle. Réputée proche du régime du président Koutchma, la nouvelle direction de la station privée Dovira, qui retransmettait les émissions de RFE depuis cinq ans, a décidé de mettre un terme à cette collaboration à partir du 17 février. RFE ne sera plus diffusée qu'en ondes courtes.

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), station financée par le Congrès américain, ne sera plus audible sur les ondes FM en Ukraine. Dans un courrier daté du 11 février 2004, la radio privée Dovira, qui retransmettait les émissions de RFE/RL sur ses ondes FM depuis 1998, a fait part de sa décision de mettre un terme à cette collaboration à partir du 17 février. RFE/RL ne sera plus diffusée qu'en ondes courtes. "La décision brutale de réduire la diffusion de Radio Free Europe, dont chacun connaît l'engagement pour la défense des valeurs démocratiques, est un signal extrêmement inquiétant pour la liberté de la presse en Ukraine, en particulier à quelques mois de l'élection présidentielle", ont déclaré Reporters sans frontières et l'Institut des Mass Medias. La direction de Dovira a expliqué que cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une restructuration de ses programmes. Thomas Dine, président de RFE/RL, a dénoncé une décision à caractère politique, prise sans aucune consultation préalable et sans respecter le délai prévu de trente jours pour résilier le contrat. Le directeur du service ukrainien de RFE/RL, Alexander Narodetsky, a précisé que les relations entre les deux radios ont été bonnes pendant cinq ans. RFE/RL et Dovira auraient même affronté ensemble les pressions exercées par le pouvoir en place, notamment après la couverture de l'affaire Gongadze. Mais, fin janvier, Dovira a été rachetée par le groupe Ukrainian Media Holding et la radio est désormais dirigée par Serguei Kychygin. Selon Victor Iouchtchenko, leader du plus grand parti de l'opposition Notre Ukraine, et plusieurs autres personnalités de l'opposition, cet homme d'affaires et rédacteur en chef du quotidien en langue russe 2000, est un proche du chef de l'administration présidentielle, Viktor Medvedtchouk. Reporters sans frontières et l'Institut des Mass Medias rappellent qu'à quelques mois de l'élection présidentielle, prévue pour octobre, la situation de la liberté de la presse est préoccupante en Ukraine, où les médias les plus influents sont contrôlés par des proches du président Koutchma.
Publié le
Updated on 20.01.2016