Reporters sans frontières exprime ses plus vives préoccupations face à la multiplication des poursuites et des condamnations de journalistes qui dérangent le pouvoir. Dans cette longue liste, figurent notamment Kamel Gaci du quotidien Le Soir d'Algérie, poursuivi pour non-dénonciation d'un fugitif et placé sous contrôle judiciaire, et G. Lotfi, correspondant à Djelfa (150 km au sud d'Alger) du quotidien Liberté, condamné le 30 mai à trois mois de prison avec sursis.
Reporters sans frontières exprime ses plus vives préoccupations face à la multiplication des poursuites et des condamnations de journalistes qui dérangent le pouvoir. Dans cette longue liste, figurent notamment Kamel Gaci du quotidien Le Soir d'Algérie, poursuivi pour non-dénonciation d'un fugitif et placé sous contrôle judiciaire, et G. Lotfi, correspondant à Djelfa (150 km au sud d'Alger) du quotidien Liberté, condamné le 30 mai à trois mois de prison avec sursis.
" C'est en tant que journaliste que Kamel Gaci a été contacté par le fuyard et non pas en tant que complice. Même si un journaliste n'est pas un citoyen au-dessus des lois, les règles de déontologie l'obligent à protéger ses sources. Il serait inadmissible qu'il subisse une lourde condamnation pour avoir exercé son métier comme le requiert la pratique professionnelle " a déclaré Reporters sans frontières.
Kamel Gaci, journaliste au Soir d'Algérie, est poursuivi pour non-dénonciation d'un fugitif après la publication d'un entretien dans les colonnes du quoitidien. Quinze jours après son évasion de la prison d'El Khemis, un fuyard (en l'occurrence un ancien gendarme) a voulu témoigner publiquement de son histoire. Il est entré en contact avec Kamel Gaci, par l'intermédiaire de son journal. Le journaliste avait prévenu les services de sécurité de l'entrevue qu'il devait avoir avec le fugitif, sans toutefois dévoiler le lieu de la rencontre. Le lendemain de la publication de l'article, Kamel Gaci a été poursuivi par les services du procureur de Bedjaïa. La cour a prononcé, au terme d'une première audience, sa mise en liberté provisoire, mais a placé le journaliste sous contrôle judiciaire en attendant le verdict de son procès dans les semaines à venir.
L'affaire de G. Lotfi, correspondant de Liberté à Djelfa, est malheureusement exemplaire des pressions dont sont victimes les correspondants locaux. Le journaliste a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à verser une amende de 200 000 dinars (environ 2 300 euros) de dommages et intérêts au préfet de Djelfa. Le 14 avril, ce dernier avait porté plainte contre G. Lotfi, auteur d'un article relatant le suicide d'un entrepreneur. Le préfet avait également porté plainte pour diffamation à l'encontre du journaliste et militant des droits de l'homme, Hafnaoui Ghoul, et obtenu sa condamnation à six mois de prison ferme, le 26 mai dernier.
"Les correspondants en province, victimes depuis longtemps de pressions intolérables de potentats locaux, témoignent aujourd'hui des exactions dont ils sont les cibles. Hafnaoui Ghoul a brisé l'omerta. En rendant compte publiquement des graves violations des droits de l'homme et des conditions de travail des journalistes dans la province de Djelfa, il a déclenché une vague de protestations. Le harcèlement des journalistes est devenu si intense que nous ne comptons même plus le nombre de journalistes de Liberté actuellement poursuivis, à Alger ou en province ", a déclaré Omar Ouali, rédacteur en chef du quotidien Liberté, à Reporters sans frontières.
L'organisation dénonce également la mauvaise volonté de l'administration locale dans certains dossiers. Escroqué en achetant du matériel informatique, le quotidien Ouest Info risque d'être contraint de fermer, sa plainte n'ayant pas été traitée à temps. " Ce sera une source d'information en moins pour la population et 30 familles risquent de se trouver sans revenus. Tout ça, à cause du simple refus des autorités judiciaires de traiter à temps notre plainte ", a déclaré le directeur du journal à Reporters sans frontières.