Enterrement de l’Ayatollah Montazeri : censure et arrestations

Reporters sans frontières a appris avec émotion le décès de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, le 20 décembre 2009, dans la ville sainte de Qom (60 km au sud de Téhéran), à l’âge de 87 ans. Alors que les autorités avaient interdit l’organisation de rassemblements en hommage à cette personnalité réformatrice, des milliers de personnes ont bravé l’interdit. La censure n’a pas manqué de s’abattre une nouvelle fois sur les médias iraniens et internationaux.


« Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, ainsi qu’au peuple iranien. Cet homme a su dire non au pouvoir pour défendre la vérité. Alors qu’il était proche du pouvoir, il avait révélé, en 1989, le massacre des prisonniers politiques. Chassé du pouvoir, il est resté du côté des opprimés. Pendant des années, sa maison a été un refuge pour les familles des prisonniers politiques, notamment des journalistes détenus », a déclaré Reporters sans frontières.


« Alors que l’Iran est en deuil, les autorités censurent à nouveau les médias, que ce soit la presse écrite, la BBC ou Internet », a ajouté l’organisation.


Le 20 décembre, le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique a publié un décret à l’attention des rédacteurs en chef des journaux, leur interdisant de publier des articles sur la personnalité de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri. Dans la soirée, des agents du ministère se sont présentés dans les rédactions afin de vérifier l’application de ce décret. Par ailleurs, l’agence officielle Fars News a annoncé, aujourd’hui, la suspension du quotidien réformateur Andisheh-ye No (Nouvelle pensée), par la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse.


Comme lors de tous les événements récents susceptibles de mobiliser l’opposition, les autorités iraniennes ont pris des mesures draconiennes pour contrôler la circulation de l’information via les nouveaux médias. Depuis l’annonce du décès de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, les connexions Internet ont été fortement ralenties dans plusieurs villes du pays, et les communications téléphoniques perturbées, principalement à Najafābād (ville natale de Montazeri) et à Ispahan. Par ailleurs, au cours des rassemblements en hommage à l’ayatollah, des journalistes auraient été arrêtés.


Le 20 décembre, l’émission télévisée de la BBC consacrée à l’ayatollah Hossein Ali Montazeri a été brouillée, peu de temps après le début de sa diffusion. Le programme interdit incluait une interview exclusive accordée par l’ayatollah à la BBC, enregistrée peu de temps avant sa mort. C’était la première fois, en plus de vingt ans, que l’ayatollah Montazeri apparaissait à la télévision. Le brouillage a affecté l’ensemble des programmes hébergés par le satellite Hotbird 6. Toutefois, l’émission, accessible sur bbcpersian.com, a été largement diffusée. Depuis le lancement par la BBC de ses programmes en langue persane, les collaborateurs iraniens de cette radio et télévision britannique sont constamment sous pression. La pression s’est renforcée dès le 12 juin. Ceux qui n’ont pas été arrêtés ont quitté le pays.


L’ayatollah Hossein Ali Montazeri a été l'un des théoriciens de la révolution islamique, et l'un des rédacteurs de la Constitution de la République islamique d’Iran, avant d’être écarté du pouvoir, en mars 1989, suite à ses révélations sur les exécutions massives de prisonniers politiques dans les prisons du pays, sur ordre de l’ayatollah Khomeiny.


Suite à ses prises de positions publiques, et le pouvoir redoutant son influence, Hossein Ali Montazeri a été assigné à résidence dans la ville de Qom pendant près de quatorze ans, avant que la mesure ne soit levée en 2003. Ses proches et ses collaborateurs ont été menacés et arrêtés à plusieurs reprises.


Son site Internet est toujours bloqué en Iran depuis de nombreuses années. Mojtaba Lotfi, l’un des responsables du site, a été condamné à quatre ans de prison et à cinq ans de bannissement pour “diffusion des opinions de l’ayatollah Montazeri” et pour “publicité contre le régime”.


Le décès de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri laisse un vide dans le mouvement démocratique actuel, et dans le combat pour la liberté d’expression en Iran.


Des milliers de manifestants se sont rassemblés, le 20 décembre, dans les rues de Qom pour rendre un dernier hommage à l’ayatollah Hossein Ali Montazeri. La foule scandait « Nous sommes là, nous sommes les raisons de la rébellion ! », « Mort aux taliban, qu’ils soient à Téhéran ou à Kaboul », « Mort aux oppresseurs, le Shah, ou les leaders actuels ».


Voir les vidéos :

http://www.youtube.com/watch?v=c6A-WMlvPl4

http://www.youtube.com/watch?v=euJw98_cGx4&feature=autoshare_twitter

http://www.youtube.com/watch?v=jgwxxsG3KEU

http://www.youtube.com/watch?v=0N1d0_enbfs&feature=autoshare_twitter

Publié le
Updated on 20.01.2016