Versione italiana
"En moins de vingt-quatre heures, deux revendications contradictoires ont été diffusées sur Internet concernant le sort de la journaliste italienne Giuliana Sgrena. La plus grande prudence est nécessaire. Nous devons tous continuer de nous mobiliser pour obtenir sa libération au plus vite", a déclaré Reporters sans frontières.
Reporters sans frontières accrochera, en présence d'une représentante d'Il Manifesto, le portrait de Giuliana Sgrena, place de la République à Paris, vendredi 11 février à 10h30, au côté de ceux de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun Al-Saadi, disparus en Irak depuis le 5 janvier. L'organisation a également mis en place une page spéciale en français, anglais, italien et arabe à l'adresse http://sgrena.rsf.org (ou http://www.rsf.org/sgrena.php3) qui dresse la chronologie de cette affaire et fait le point sur les réactions et la mobilisation en faveur de la journaliste italienne. Enfin, un concert de soutien à Florence, Hussein et Giuliana sera organisé le 14 février à 20h30 à l'Olympia, à Paris (des places gratuites peuvent être retirées le 12 et le 14 février à partir de 11h à l'Olympia, au 28 boulevard des Capucines).
"Nous rappelons que l'Irak est le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes. Un correspondant de la chaîne financée par les Américains Al-Hurra, Abdel Hussein Khazaal, a encore été assassiné aujourd'hui à Bassorah. En tout, trente-deux journalistes ont été tués en Irak depuis le début du conflit en mars 2003, s'est inquiétée Reporters sans frontières. Pour autant, nous estimons qu'il est nécessaire que la presse étrangère continue de couvrir ce pays, malgré les risques encourus."
Giuliana Sgrena, 56 ans, envoyée spéciale du quotidien italien Il Manifesto, a été enlevée le 4 février à Bagdad. La journaliste quittait l'université où elle avait réalisé des interviews quand un véhicule a bloqué sa route près du pont de Jadriyah. Des inconnus l'ont fait sortir de sa voiture ainsi que son chauffeur et un collègue irakien. Ils l'ont ensuite forcée à monter dans leur véhicule avant de s'enfuir. Une autre journaliste italienne, Barbara Schiavulli, a affirmé qu'elle avait reçu un coup de fil de Giuliana Sgrena au moment même où elle était kidnappée. "Je n'entendais personne parler. J'ai entendu des coups de feu", a déclaré la journaliste. Un agent de la sécurité de l'université a confirmé qu'il y avait eu des échanges de tirs entre les ravisseurs et des gardes. Giuliana Sgrena s'était rendue à la mosquée Al-Moustafa qui se trouve dans l'enceinte de l'université de Bagdad pour y interroger des réfugiés de Falloujah. Elle était en Irak depuis le 23 janvier.
Le 7 février, un groupe baptisé l'Organisation du jihad disant retenir la journaliste italienne, a annoncé qu'il la remettrait bientôt en liberté parce qu'elle n'est pas une "espionne". Le lendemain, un autre message diffusé sur Internet et signé des Brigades des Moujahidine revendiquait l'assassinat de Giuliana Sgrena. La direction d'Il Manifesto et des officiels italiens ont jugé ces revendications "peu crédibles".
C'est la deuxième fois qu'un journaliste italien est enlevé en Irak. Enzo Baldoni avait été exécuté par ses ravisseurs le 26 août 2004.