Enièmes ruptures de contrats pour la presse indépendante bélarusse
Organisation :
Le 1er décembre 2005, la poste d'Etat a retiré deux nouveaux journaux indépendants de la liste des médias dont elle assure l'acheminement aux abonnés.
Il s'agit cette fois de Tovarisch, un hebdomadaire appartenant au Parti communiste bélarusse et de Brestskiy Kurier, un quotidien indépendant.
Les ruptures de contrats de la poste d'Etat et de la compagnie de distribution de la presse touchent désormais les journaux suivants :
Solidarnost, Narodnaya Volya, BG Delovaya Gazeta, Zhoda, Regionalnaya Gazeta, Nasha Niva, Vitebskiy Kurier, Brestskiy Kurier, Intex-Press, Gazeta Slonimskaya, Borisovski Novosti, Dlya Vas, Volnaye Hlybokaye et Myastsoviy Chas.
Les journaux dont le contrat a été unilatéralement rompu avec l'imprimerie d'Etat sont : Solidarnost, Narodnaya Volya, BG Delovaya Gazeta, et Tovarisch. Ces derniers sont désormais imprimés en Russie, à Smolensk.
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1er décembre 2005
L'hebdomadaire indépendant Solidarnost privé de distribution
Dans une lettre datée du 29 novembre, la compagnie Minoblsajuzdruck, une filiale de la Belsayuzdruk, détentrice du monopole de la distribution de la presse, a annulé le contrat qu'elle avait signé deux mois auparavant avec l'hebdomadaire indépendant Solidarnost, pour l'année 2006. Le motif de cette annulation n'a pas été communiqué à la direction de l'hedomadaire.
Cette décision vient s'ajouter à la rupture unilatérale de contrat de la poste d'Etat qui gère l'acheminement des journaux aux abonnés, avec l'hebdomadaire, trois semaines auparavant.
Déjà contraint d'être mis sous presse à Smolensk, en Russie, depuis le refus de l'imprimerie d'Etat Krasnaya Zvezda de prolonger son contrat, Solidarnost, au même titre que l'unique quotidien d'opposition, Narodnaya Volya, n'a aujourd'hui plus de moyens légaux d'être diffusé au Belarus. « Il est devenu impossible d'imprimer et de distribuer les journaux indépendants au Belarus. Quel genre de presse peut survivre dans ce pays ? », a déclaré Aleksandr Starikevich, rédacteur en chef de l'hebdomadaire à Reporters sans frontières.
Seuls deux périodiques ont pour l'instant échappé aux attaques répétées contre la presse indépendante, et continuent d'être vendus dans les kiosques et distribués par courrier. Il s'agit des hebdomadaires Belorusy i Rynok et Belgazeta.
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17 novembre 2005
Nouvelles ruptures de contrats par la poste d'Etat
Reporters sans frontières dénonce la décision de la Belposhta, la poste d'Etat, de rompre les contrats de sept journaux indépendants à partir du 1er janvier 2006. Dix ruptures de contrat de publications privées ont été dénombrées depuis le début du mois de novembre.
Sont concernés cette fois les hebdomadaires Nasha Niva, Gazeta Slonimskaya, Volnaye Hlybokaye, Bretski Kuryer, IntexPress, Regionalnaya Gazeta et le bihebdomadaire Vitebski Kuryer.
Lors d'une interview à Radio Free Europe, le rédacteur en chef de Nasha Niva, Andrey Dynko, a estimé que cette mesure prouvait une nouvelle fois que les conditions pour la tenue d'élections libres n'étaient plus réunies. Il a qualifié cette rupture de contrat de crime contre la culture bélarusse.
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10 Novembre 2005
La poste d'Etat rompt les contrats de trois journaux indépendants
Le 9 novembre 2005, la poste d'Etat du Bélarus, Belposhta, qui détient le monopole de distribution de la presse pour les abonnés, a informé le plus important quotidien indépendant du pays Narodnaya Volya, ainsi que les deux hebdomadaires indépendants Solidarnost et Zhoda, que leur contrat prendrait fin le 1er janvier 2006.
Cette décision intervient un mois après la rupture unilatérale de contrat, sans explications, par l'imprimerie d'Etat Krasnaya Zvezda, avec Narodnaya Volya et Solidarnost. La société Belsajuzdruck, qui détient le monopole de la distribution au Bélarus, avait quant à elle rompu son contrat avec Narodnaya Volya.
Depuis cette date, les deux journaux étaient contraints de se faire imprimer à Smolensk, en Russie. La moitié de la distribution de Narodnaya Volya (30 000 exemplaires au total) était effectuée par Belposhta, et l'autre par des volontaires. La distance qui sépare Smolensk du Bélarus avait notamment contraint le quotidien à ne paraître que trois fois par semaine.
La rédactrice en chef adjointe de Narodnaya Volya, Svyatlana Kalinkina, est sceptique quant à l'avenir de son journal, qui pourrait disparaître faute de ventes.
Dans une interview au BAJ (Association des journalistes bélarusses), le rédacteur en chef de Zhoda, Alyaksei Karol, a fait part, quant à lui, de sa crainte de voir les journaux d'opposition bélarusses contraints de travailler dans l'illégalité, comme ce fut le cas avant la révolution de 1917 et sous le régime soviétique.
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3 Octobre 2005
La mort programmée de la presse indépendante
« En s'attaquant simultanément aux deux journaux indépendants les plus importants du pays, Narodnaya Volya et BG Delovaya Gazeta, les autorités démontrent leur volonté d'étouffer les voix critiques. Nous demandons au président Alexandre Loukachenko de cesser cette politique de harcèlement systématique contre la poignée de médias qui tente de fournir à la population du Bélarus une information alternative au discours officiel », a déclaré Reporters sans frontières.
L'unique quotidien d'opposition, Narodnaya Volya (29 000 exemplaires), dont les comptes ont été gelés par les autorités le 20 septembre 2005, a été privé d'impression et de distribution par les autorités, le 1er octobre. L'imprimerie d'Etat Krasnaya Zvezda et la société Minoblsajuzdruck qui détient le monopole de la distribution au Bélarus ont rompu leurs contrats sans fournir d'explication. Le 3 octobre, la direction de Narodnaya Volya a toutefois réussi à trouver un accord avec une imprimerie de Smolensk (Russie). Le quotidien sera désormais un trihebdomadaire. « La multilplication des entraves à l'encontre de la presse indépendante prouve que les autorités ont décidé de fermer tous les médias alternatifs d'ici l'élection présidentielle de 2006 », a déclaré Yosif Seredich, rédacteur en chef de Narodnaya Volya à Reporters sans frontières. La rédaction venait t
out juste de réunir, grâce au soutien de ses lecteurs, l'argent nécessaire au paiement d'une amende de 38 000 euros pour « diffamation », confirmée par la cour de Minsk, le 20 septembre 2005. Le quotidien avait également été condamné, le 25 juillet, à une amende de 47 000 euros pour « diffamation ».
Par ailleurs, la cour Kastrychinski de Minsk a condamné, le 30 septembre, l'hebdomadaire BG Delovaya Gazeta (BDG) et son reporter Syarhey Satsuk à respectivement 19 000 et 2 000 euros d'amende pour avoir « diffamé » un ancien officier de police. Le journal devra également publier un démenti. Cette condamnation fait suite à la publication d'un article, le 20 mai 2003, intitulé « Campagne de publicité », qui évoquait une enquête judiciaire sur les agissements douteux de deux anciens officiers de police. L'un d'entre eux, Syarhey Byadrytski, avait porté plainte en juin 2005 contre BG.
Le BAJ (Association des journalistes bélarusses), organisation partenaire de Reporters sans frontières et lauréate du prix Sakharov 2004, considère que cette amende « totalement disproportionnée met en danger l'avenir de l'hebdomadaire ».
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Updated on
20.01.2016