Encore un journaliste assassiné dans l’Etat de Veracruz

Miguel Ángel López Velasco a été retrouvé mort à son domicile, dans l’Etat de Veracruz (Sud-est), le 20 juin 2011. Le journaliste et chroniqueur du quotidien en ligne Notiver, sa femme et son fils ont été criblés des balles, une semaine après l’assassinat d’un autre journaliste dans l’Etat de Sonora, Pablo Ruelas Barraza. Reporters sans frontières est bouleversée par ce crime. Les violences contre les journalistes n’en finissent plus dans le pays. Nous demandons aux autorités à ce que la piste professionnelle soit privilégiée durant l'enquête et que les responsables soient identifiés et poursuivis au plus vite. D’après les informations publiées par Notiver et confirmées par ses collègues à Reporters sans frontières, le 20 juin dernier autour de 5 heures 30 du matin, alors que López Velasco dormait en compagnie de son épouse et de son fils de 21 ans, des individus armés non identifiés, se sont introduits de force dans son domicile, dans le quartier de López Arias, au nord de la ville de Veracruz, et ont assassiné la famille. López Velasco, connu comme "Milo Vera", 55 ans, collaborait avec le journal Notiver depuis environ vingt ans, couvrant d’abord des faits divers, puis occupant le poste de sous-directeur de la section "Sucesos". Dans sa colonne "Va de Nuez", le journaliste traitait de sujets concernant la sécurité publique, des enlèvements, des cas de corruption et d’abus d'autorité dans la région. Il suivait aussi, depuis avril 2010, la disparition du journaliste Evaristo Ortega Zarate. Le journaliste avait lui-même été la cible de menaces. En 2007, une tête humaine avait été déposée à l'entrée du journal Notiver par des narcotrafiquants, accompagnée du message suivant : "Ici nous te laissons un cadeau (...) Les têtes vont rouler ainsi, "Milovela" le sait et d’autres aussi, cent têtes vont pour mon papa. Cordialement, Un fils de Mario Sanchez et La Nueva Gente". Les autorités ont commencé à enquêter sur l’assassinat de López Velasco et le gouverneur de l'État de Veracruz, Javier Duarte, s’est rendu dans les locaux de Notiver. "C'est un meurtre lâche. Ce n'est pas une attaque contre un média ou une corporation, c'est une attaque contre la société de Veracruz dans son ensemble (…) Ce n'est pas un fait isolé, au contraire, c'est un fait qui fait partie d'une chaîne d'actions criminelles qui affectent tout le pays", a t-il déclaré en ajoutant qu’il n’y a pas de place pour l’impunité à Veracruz et que l’enquête sera menée jusqu’au bout. Reporters sans frontières espère que ses promesses seront tenues et que les mécanismes de protection ratifiés en novembre 2010 à l’attention des journalistes seront appliqués par les autorités fédérales sans plus attendre. Le Mexique figure parmi les pays les plus dangereux du continent pour les médias, souvent victimes du crime organisé et forcés à l’autocensure. Soixante-quinze journalistes ont été tués depuis 2000, dont neuf originaires de Veracruz. Treize ont disparu depuis 2003. L’année 2010 a été, pour l'État de Veracruz, l'une des plus violentes avec 179 meurtres, selon des rapports du gouvernement fédéral. Depuis 2007, elle fait face à une spirale de violence. Ses habitants ont été témoins d'affrontements fréquents entre les forces de sécurité et les cartels. Parmi le dernières victimes originaires de cet Etat : Noel López Olguín, collaborateur de l’hebdomadaire Noticias de Acayucan, retrouvé mort le 1er juin 2011 et Evaristo Ortega Zarate, du journal La Opinión, enlevé en avril 2010. L’offensive fédérale contre le narcotrafic, engagée en décembre 2006, se solde aujourd’hui par un bilan de plus de 40 000 morts dans tout le pays, Reporters sans frontières continue de relayer une campagne des dessinateurs de presse contre la violence : "¡Basta de Sangre !" - “No + sangre”.
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Mise à jour le 20.01.2016