Emadoldin Baghi libéré après plus de deux ans de prison

Emadoldin Baghi, collaborateur de plusieurs journaux dont les quotidiens Neshat et Fath, a été libéré le 6 février après avoir passé plus de deux ans en prison. Un autre journaliste, Ali-Reza Jabari, arrêté fin décembre, avait été relâché la veille. Reporters sans frontières se réjouit de ces libérations intervenues au moment de la visite de Chris Patten, commissaire aux Relations extérieures de la Commission européenne, à Téhéran. Ce dernier poursuivait les négociations en vue de la conclusion d'un accord commercial et de coopération avec l'Iran. "Nous demeurons cependant inquiets des nouvelles charges qui pèsent sur Emadoldin Baghi", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous demandons, par ailleurs, au chef de la justice, l'ayatollah Mahmoud Shahroudi la libération de Alireza Eshraghi, emprisonné depuis le début de l'année, ainsi que six autres journalistes actuellement derrière les barreaux". Dans le même temps, l'organisation demande à l'Union européenne de faire pression sur l'Iran pour obtenir leur libération. A sa sortie de prison, Emadoldin Baghi a été informé qu'il serait convoqué le 8 mars prochain suite à de nouvelles poursuites judiciaires. On lui reproche notamment des articles, parus dans la presse réformatrice, dans lesquels il avait mis en cause de hauts responsables du régime dans le meurtre de cinq intellectuels et opposants, fin 1998. Cette affaire avait alors fait grand bruit dans le pays. L'un de ses ouvrages, "La tragédie de la démocratie en Iran", où il abordait le même thème, avait été retiré de la vente en juillet 2000 quelques semaines après sa parution. Les Gardiens de la Révolution (Pasdaran), l'ancien ministre des Renseignements, Ali Fallahian, la télévision d'Etat et d'anciens agents des services secrets avaient porté plainte contre Emadoldin Baghi. Le journaliste avait été condamné, le 17 juillet 2000, à sept ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale" et "propagation de fausses nouvelles". Le 23 octobre, sa peine avait été ramenée à trois ans. Emadoldin Baghi avait été condamné pour avoir défendu, dans un éditorial du quotidien Neshat de septembre 1999, une vision moderne de l'islam par rapport à la peine de mort. Le 28 décembre 2002, Ali-Reza Jabari, traducteur et collaborateur de plusieurs journaux indépendants dont Adineh, avait été arrêté à son bureau par des personnes en civil. Son domicile avait été perquisitionné. Jusqu'à sa libération, son épouse ne savait pas où était détenu le journaliste. Le 25 décembre 2002, une interview de Ali-Reza Jabari était parue dans Charvand, publication persophone basée au Canada, dans laquelle il expliquait notamment que le Guide de la République islamique voulait que la crise dégénère dans tout le pays. Ali-Reza Jabari, membre de l'Association des écrivains iraniens, est l'auteur de nombreuses traductions en anglais d'ouvrages dont certains ont été interdits.
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Updated on 20.01.2016