Elections législatives en Bulgarie : 10 recommandations de RSF pour sortir la liberté de la presse de l’impasse

Sécurité des journalistes, accès à l’information, déontologie et financement des médias. Reporters sans frontières (RSF) publie 10 solutions concrètes pour nourrir le débat sur l’amélioration de la liberté des médias avant une échéance électorale décisive dans ce pays membre de l’Union européenne.

Le gouvernement bulgare ayant échoué à faire de la liberté de la presse une priorité, RSF publie 10 recommandations adressées à l’ensemble des partis politiques, et plus largement à la population bulgare. Élaborées avec l’aide d’experts des médias bulgares, ces propositions sont destinées à faire de la liberté de la presse un sujet de débat national et un enjeu du scrutin législatif du 4 avril prochain. Ces élections sont d'autant plus cruciales, qu’elles vont déterminer la composition du prochain gouvernement bulgare, avec à sa tête un nouveau Premier ministre, acteur le plus puissant dans le système politique de la Bulgarie.

"La liberté de la presse en Bulgarie est dans une impasse et les médias indépendants sont au bord de la disparition. En publiant ces 10 propositions, RSF soumet au débat politique et sociétal bulgare un plan de sortie. Ces élections législatives sont l’occasion pour les forces politiques intérieures et tout électeur soucieux de la liberté et de la qualité des médias d’agir.

Pavol Szalai
Responsable du bureau UE/Balkans

Des propositions concernant la sécurité des journalistes font partie de ces nouvelles recommandations. En 2020, RSF a recensé de nombreux cas de violences visant des reporters dans le cadre de l’exercice de leur profession. Des abus face auxquels les autorités peinent à réagir : le commanditaire de l’agression du journaliste d’investigation du site 168 Chasa, Slavi Angelov, en mars 2020, n’a pas été traduit en justice, et le procureur général de Bulgarie a refusé d’enquêter sur la violente interpellation du photographe indépendant Dimiter Kenarov, en septembre dernier. Le journaliste et collaborateur de l’ONG Anti-Corruption Fund, Nikolay Staykov, n’a quant à lui reçu la protection de la police qu’après l’intervention de RSF, alors que les auteurs de menaces de mort contre lui et d’une attaque contre son domicile n’ont toujours pas été identifiés. 

Les professionnels des médias bulgares font également l’objet de pressions judiciaires et économiques alors que les médias critiques du pouvoir sont privés de publicité d’État et d’accès à l’information. L’indépendance de l’audiovisuel public pâtit d’interventions politiques et une partie des médias privés sont devenus un outil de règlements de comptes dans un contexte de conflits d’intérêts et en contradiction avec toute déontologie journalistique. Les recommandations de RSF traitent de ces différentes questions et s’ajoutent à la proposition de créer une commission nationale indépendante et pluraliste pour l’amélioration de la liberté de la presse en Bulgarie,  soumise, il y a un an, au gouvernement bulgare, mais restée sans réponse.

Avec sa 111e place sur 180 pays, la Bulgarie est le membre de l'Union européenne le plus mal positionné au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF. 

Publié le
Mise à jour le 10.03.2021