Egypte : vague d’arrestations de journalistes et blocages de sites internet

Une semaine après le déclenchement d’un mouvement de protestations en Egypte, au moins six journalistes ont été emprisonnés et plusieurs sites internet bloqués. RSF dénonce cette nouvelle tentative de musellement des médias par les autorités égyptiennes.

Depuis le début du mouvement populaire le 20 septembre dernier, lancé par l’acteur Mohamed Ali, au moins six journalistes ont été arrêtés, ce qui porte le nombre de journalistes détenus en Egypte à 31.


Dès le début des manifestations la journaliste Engy Abdel Wahab, en formation depuis plusieurs semaines au journal Al-Masry Al-Youm, a été arrêtée alors qu’elle était en reportage sur la place Tahrir.


Le même jour, Omar Hisham, photographe pour le site d’informations Masrawy, a également été arrêté alors qu’il se trouvait sur la place. Sa rédaction a adressé un courrier à son avocat, que RSF est parvenu à se procurer, pour attester qu’il avait été envoyé pour couvrir les célébrations des supporters du club de football Al-Ahly pendant la Supercoupe d’Egypte, qui avaient lieu le soir-même. Enfin, moins de deux mois après sa libération conditionnelle, le 31 juillet, le blogueur “Mohamed Oxygen” a une fois de plus été arrêté. 


Par ailleurs, l’organisation NetBlocks a révélé que les sites de la BBC, d’Al-Hurra (chaîne financée par les le gouvernement américain) ainsi que Facebook Messenger étaient inaccessibles en Egypte. Contacté par la BBC, le président du Conseil suprême de régulation des médias, Makram Mohamed Ahmed, a confirmé ce blocage, dû selon lui à la “publication de fausses informations”. 


Le gouvernement égyptien doit cesser de museler la presse en temps de mobilisations populaires en empêchant les journalistes de faire leur travail, a déclaré Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF. Cette nouvelle vague d’arrestations montre encore une fois toute l’opacité du régime en place qui bafoue sans cesse le droit du public à l’information.”


Trois journalistes ont déjà comparu et sont maintenant en détention provisoire : Nasser Abdel Hafiz, du journal Akhbar El-Yom, Sayed Abdellah, qui couvrait les mobilisations à Suez, notamment pour Al Jazeera, et publiait des informations en temps réel sur son compte Facebook (aujourd’hui désactivé), et Khaled Dawoud (Al-Ahram). Le premier a été arrêté le 20 septembre alors qu’il se trouvait sur la place Tahrir. Le deuxième a été conduit le 21 septembre au commissariat et son épouse a publié une vidéo de leur domicile perquisitionné. Le troisième a également été arrêté à son domicile, le 25 septembre.


A cela s’ajoutent les journalistes interpellés puis libérés, tels que Sayed Sobhy (journal Al-Akhbar), arrêté au Caire le 22 septembre à son retour du travail et relâché le même jour.


En 2019, l’Egypte occupe la 163e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 27.09.2019